Entonner à chaque fois la chanson du premier pays à avoir reconnu l'indépendance des Etats-Unis a fini par lasser les Américains. Rabat s'essaie à une nouvelle stratégie et tente de jouer la carte des Afro-américains pour séduire l'administration Obama. Après les congressmen de la communauté noire aux Etats-unis, cette fois-ci le Maroc tente de charmer des journalistes. Visiblement, le Maroc parie sur les Afro-américains. Dans le sillage de la visite, fin décembre et début janvier, d'une délégation composée de douze membres du Congressional Black Caucus, représentant les élus afro-américains du Congrès, conduite par sa présidente, la congresswoman de l'Ohio Marcia Fudge, des journalistes appartenant à la même communauté ont effectué un voyage au royaume. A Rabat, ils ont eu des entretiens avec la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida avant de s'envoler vers le Sahara occidental. Laâyoune et Dakhla, deux étapes Dans la capitale du Sahara, le séjour des journalistes afro-américains a été perturbé par une petite manifestation menée par des adolescents partisans du Polisario. En dépit de cet incident passager, les hommes et femmes de presse de la communauté afro-américaine ont pu s'entretenir d'une part avec quelques anciens membres du Polisario ayant rallié le Maroc et d'autre part avec des représentants d'associations proches du Polisario. En revanche, à Dakhla, appelée à concurrencer de plus en plus Laâyoune, la visite s'est déroulée dans de meilleures conditions. La délégation a multiplié les réunions avec le wali de la région, les chioukhs des tribus et les élus de la ville mais sans prendre langue avec les séparatistes locaux. Une nouvelle stratégie se décline A quatre mois, de l'examen par le conseil de sécurité d'une nouvelle résolution sur le conflit au Sahara occidental, il est clair que les officiels marocains redoutent une nouvelle confrontation, comme celle de l'an dernier, avec l'administration Obama sur la question des droits de l'homme. Pour éviter une telle issue, le royaume joue la carte des structures proches de l'actuel locataire de la Maison blanche, et ce, en essayant d'en séduire le maximum possible. Les déplacements effectués par le Congressional Black Caucus, avec en prime une audience royale au palais de Marrakech, et cette délégation de journalistes afro-américains, sans oublier la visite, en août, de Jesse Jackson au royaume, s'inscrivent dans cette stratégie. D'autant plus que ces instances sont réputées être des relais du parti démocrate. Des alliés idoines sur lesquels Rabat pourrait compter dans la réalisation de son objectif. Lobbying : La RAM est aussi enrôlée L'Association nationale des journalistes noirs aux Etats-Unis (NABJ) et la RAM ont signé, jeudi soir à Washington, un accord de partenariat, indique la MAP. Le transporteur public s'engage ainsi à faciliter les déplacements effectués par les membres de NABJ en Afrique. Les plus méritants parmi les étudiants d'universités de journalisme, dans le cadre de leurs recherches portant sur le continent noir, bénéficieront des mêmes largesses. Ce nouveau partenariat a été annoncé, ajoute la même source, « lors du Gala annuel "NABJ - Hall of Fame", organisé au "NEWSEUM", le musée des médias de la capitale fédérale américaine, en présence notamment de l'ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, Rachad Bouhlal, l'ambassadeur du Sénégal, Cheikh Niang, et l'ambassadeur du Bénin et doyen des ambassadeurs africains à Washington, Cyrille Oguin. Une cérémonie marquée, également, par la présence de la très influente Nancy Pelosi, chef de file démocrate à la Chambre des représentants. Fondée en 1975, l'Association nationale des journalistes noirs aux Etats-Unis, compte l'adhésion de quelques 5000 journalistes et professionnels des médias afro-américains.