Ils sont environ 2 000 élèves à avoir effectué leur rentrée scolaire dans les établissements musulmans en France. Depuis l'année 2000, le nombre de ces institutions monte crescendo. Problème : ni assise financière suffisante pour rémunérer les enseignants, ni de contrat avec l'Etat. A ces difficultés, vient s'ajouter la non-implication des organisations musulmanes. L'éducation musulmane en France a gagné du terrain en l'espace de 13 ans. En 2000, l'école primaire sur l'île de La Réunion était le seul établissement scolaire musulman du pays. Aujourd'hui, une trentaine d'écoles du genre ont vu le jour dans l'hexagone. Cette petite floraison serait la résultante de l'interdiction du voile à l'école courant 2004. «Le contexte légal a joué un rôle» dans cette éclosion à côté du «facteur socio-économique», comme l'explique Selon Franck Frégosi, spécialiste de l'islam et directeur de recherche au Centre national de recherche stratégique en France sur RTL. En effet, les musulmans sont de plus en plus nombreux dans la classe moyenne et disposent de ce fait de plus de moyens pour payer la scolarité de leurs enfants. Toutefois, un autre facteur a contribué à l'avènement des établissements musulmans : l'encadrement et surtout le respect des choix de chacun. A en croire un parent d'élève cité par la même source, «l'école publique ne respecte pas les consciences de chacun, on y parle de choses comme l'homosexualité, contraires à la morale musulmane». Chez les enseignants, on se sent aussi plus libres car on n'est pas jugé sur sa religion même s'il n'est pas obligatoire d'être musulman pour enseigner dans ces établissements. Aujourd'hui, les 2 000 élèves qui y étudient ne sont pas très significatifs comparés à ceux des autres écoles de confessions catholique et juive. Entre difficultés financières et manque d'implication des organisations musulmanes Seulement, «faute d'avoir trouvé un business model viable, nombre de ces établissements, qu'ils soient à l'état de projet ou pendant leur fonctionnement, connaissent pour la plupart des difficultés financières», comme le souligne le site Al Kanz. Un avis quasiment partagé par la plupart des responsables d'établissements musulmans qui aspirent aujourd'hui à passer sous contrat avec l'Etat français. Un statut obtenu seulement par l'école primaire de La Réunion et le collège-lycée de Lille, soit deux établissements sur une trentaine. Ce statut permettrait aux établissements de se décharger des salaires des enseignants qui seraient alors payés par l'Etat. Cette situation poussent certains, notamment Franck Frégosi, à pointer du doigt «l'islamo-scepticisme» ou encore la «réticence de l'administration». Un état de fait également évoqué par le fondateur du collège-lycée La Réussite à Aubervilliers, en 2001. «Le rectorat de Créteil ne nous dit jamais non mais nous demande de refaire le dossier. Nous en sommes à la 7ème version», se plaint Dhaou Meskine qui a déposé une demande depuis 2006. L'an dernier, son établissement était en redressement judiciaire et était obligé de vendre ses locaux pour payer ses dettes. «Il y a une ségrégation claire et nette», assure Meskine. S'invite au menu des problèmes, le manque d'implication des organisations musulmanes, notamment le Conseil français du Culte musulman (CFCM). «La priorité de la communauté a longtemps été le financement des mosquées», signale même Slimane Bousanna, directeur du collège musulman de Saint-Quentin-en-Yvelines. En Juillet 2013, le groupe scolaire privé musulman de Toulouse, Alif, avait lancé une campagne de collecte de dons sur Internet en quatre spots, indiquant qu'il ne vivait que des frais d'inscription et de la générosité des particuliers. Selon RTL, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) est la seule qui a pu apporter son appui à bon nombre de projets. En dehors de ces difficultés, certains établissements arrivent à tirer leur épingle du jeu et s'imposent devant d'autres beaucoup plus réputés. En 2012 par exemple, le Lycée Averroès de Lille avait été classé meilleur lycée de France par Le Parisien après les résultats du Baccalauréat. Campagne scolaire d'Alif 2013-2014