Ali Anouzla, fondateur du site Lakome.com a de nouveau des ennuis avec les autorités. Arrêté ce matin par la police, il risque l'emprisonnement d'un mois à un an et une amende de 3.000 à 30.000 dirhams. Ses proches ainsi que sa rédaction sont sous le choc. Le journaliste Ali Anouzla est arrêté par la police à cause de la diffusion de la vidéo d'AQMI consacrée au roi Mohammed VI. Le procureur du roi près la cour d'appel de Rabat a ordonné, dans un communiqué, «l'interpellation du responsable du site électronique et d'enquêter avec lui». Nous avons tenté, aujourd'hui, de contacter Anouzla sur ses deux portables, en vain. Ce qui présume qu'il est toujours chez les enquêteurs. Au siège du site lakome.com à Rabat, c'est la stupeur. Un ami du directeur de lakome nous a confirmé qu'au moment des faits, Ali Anouzla était en voyage en Turquie. Et d'ajouter que l'arrestation s'est produite ce matin, probablement vers 7h du matin. Une heure confirmée, d'ailleurs, par le site arabophone alyaoum24 qui avance qu'une «vingtaine d'agents de la police ont perquisitionné la maison d'Anouzla et emporté avec eux son PC portable». La rédaction est assaillie par les appels du Maroc et d'ailleurs. «On s'est mis d'accord sur un point : éviter de donner des déclarations qui pourraient nuire à Ali Anouzla», indique à Yabiladi Hamid Mahdaoui, un journaliste de lakome.com. «Je ne sais pas à quelle heure, il a été arrêté, ni où il se trouve maintenant». Le dernier article publié sur le site remonte à hier à 20h34. En revanche Mahdaoui nous assure que «sept PC et un IMac ont disparu des locaux de lakome». RSF a pris acte de l'arrestation Il n'y a pas que la rédaction de Lakome qui baigne dans le flou mais également Reporters sans frontières. Ce matin, une assistante à RSF a répondu, sous couvert d'anonymat, à nos questions par : «nous venons d'apprendre la nouvelle de l'arrestation d'Ali Anouzla. Je ne pourrais vous donner de déclarations, le responsable de la région Afrique du nord et Moyen-Orient est absent» du coup «nous n'avons pas encore arrêté de décision. Nous allons travailler sur la rédaction d'un communiqué». Ce matin le siège de lakome a connu l'arrivée d'avocats disposés à assurer la défense d'Anouzla dans cette nouvelle affaire. L'arrestation s'appuie sur les articles 39 et 39 bis Ali Anouzla est un journaliste qui dérange. Ses papiers critiques sur la monarchie, l'entourage royal et sa présence au dernier congrès du Polisario ont fait de lui une cible de plusieurs autres publications en ligne. Cette fois, les autorités ont décidé de dégainer les articles 39 et 39 bis du code de la presse. Le premier prévoit que «seront punis des mêmes peines ceux qui, par l'un des moyens énoncés par l'article 38, auront fait l'apologie des crimes de meurtre, de pillage ou d'incendie, ou de vol, ou d'un crime de destruction par substances explosives». Alors que le second averti que «quiconque aura, par l'un des moyens énoncés à l'article 38, incité à la discrimination raciale, à la haine ou à la violence (…) sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 3.000 à 30.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement». Pourtant l'article de Lakome avait pris le soin de prendre ses distances par rapport à la vidéo avec les traditionnelles précautions d'usage. Ali Anouzla compte entre cinq à six procès dont l'un contre Abdellah Bekkali, député de l'Istiqlal et n°2 du syndicat nationale de la presse au Maroc. Sa relation avec le SNPM est, d'ailleurs, très froide voire même conflictuelle. Cette interpellation est la deuxième du genre d'un journaliste, en quelques mois, après celle de Mustapha El Hasnaoui, journaliste dans la publication salafiste Assabile, condamné le 11 juillet, en première instance, à quatre ans de prison pour de présumés liens avec le terrorisme.