Le maire de Bni Ansar, Yahya Yahya, a rendu son tablier pour mieux revendiquer les deux enclaves espagnoles situées en territoire marocain, Sebta et Melilia. Alors que l'Espagne est entrée dans une vive polémique avec la Grande Bretagne sur le statut du rocher de Gibraltar, Yahya ne comprend pas pourquoi le Royaume chérifien n'en fait pas de même au sujet de ces deux villes contrôlées par la péninsule ibérique. Mi-août 2013, le président de Melilia, Juan José Imbroda, balayait toute comparaison entre Sebta et Melilia et le rocher de Gibraltar. Pourtant, Yahya Yahya, maire de Bni Ansar, dans le nord-est du royaume, et sénateur au sein de la deuxième chambre du Parlement marocain, vient de poser un acte symbolique pour marquer la connexion entre les destins de ces trois territoires. En effet, celui qui est par ailleurs le président du Comité pour la libération de Sebta et Melilia (CLSM) a démissionné de son poste de maire pour mieux revendiquer les deux enclaves sous autorité espagnole. Selon le journal El Faro, Yahya ne comprend pas pourquoi l'Espagne revendique devant l'ONU «l'espagnolité» de Gibraltar et que, en même temps, le Maroc garde le silence sur les deux présides. «Comment est-il possible que l'Espagne présente devant l'ONU un dossier pour récupérer Gribraltar et le Maroc n'en fait pas autant concernant Sebta et Melilia ?», s'interroge le responsable qui a multiplié les actes de revendications de la «marocanité» de ces deux villes. Selon les mêmes sources, Yahya était d'ailleurs, à Rabat, samedi dernier, pour s'entretenir avec le ministère de l'Intérieur. Yahya devant le tribunal de Nador ce 24 septembre Le journal ibérique indique que Yahya chercherait à créer un climat de tensions. Pour mémoire, un des membres de son mouvement, Said Chramti, le vice-président du CLSM a été condamné par le Tribunal de première instance de Nador suite aux altercations survenues à la frontière de Melilia le 27 octobre 2012. Le 16 novembre suivant, Yahya et Chramti avaient arraché le bras de la célèbre statue Don Pedro de Estopiñán, dit le Conquistador de Melilia, avant de le remettre au ministère marocain de la Culture. Mieux, le désormais ex-maire de Bni Ansar s'était déclaré responsable de l'installation de drapeaux marocains dans les enclaves espagnoles et de la mobilisation de jeunes pour protester à la frontière de Bni Ansar. Selon la même source, il devrait témoigner devant un juge au Maroc ce 24 septembre pour s'expliquer sur le rôle qu'il a joué dans les manifestations survenues près de Bni Ansar suite au démembrement de la statue de Peter Estopiñán. L'Espagne sur tous les fronts Chez les autorités ibériques, un fait inédit serait d'ailleurs en gestation. D'après plusieurs sources concordantes, l'Espagne envisagerait de s'unir avec l'Argentine pour revendiquer Gibraltar devant les nations unies. Un acte fort plausible, d'autant plus que les deux pays partagent une situation géopolitique quasi similaire. En effet, les Iles Malouines, à 480 km des côtes argentines, sont administrées par la Grande Bretagne mais sont toujours revendiquées par les Argentins et ce, depuis la fin de la «guerre des Malouines» en 1982. Le 12 août, Juan José Imbroda avait vivement revendiqué «l'espagnolité» de Sebta et Melilia, justifiant son argumentaire sur le fait que les deux enclaves ont été administrées par l'Espagne bien avant l'existence du Maroc en tant que pays indépendant. Un point de vue qui avait néanmoins suscité plusieurs réactions sur la toile, notamment sur le réseau social Facebook. Tout dernièrement, c'est l'avocat-blogueur français Me Eolas qui remarquait via Twitter la prise de position très partisane d'El Pais, quotidien espagnol de gauche et par nature anticolonialiste au sujet de Gibraltar et de Sebta et Melilia. «Le quotidien El País appelle toujours Gibraltar une «colonie». Je ne me souviens pas qu'il ait jamais fait de même pour Ceuta et Melilla», soulignait l'avocat sur son compte.