Après la débâcle aux JO de Londres, marquée par les fameux trois cas de dopages (Siham Selsouli, Abderrahim Goumri et Amin Laâlou), le même scénario (sans dopage) s'est répété aux mondiaux de Moscou. Criant leurs ras-le-bol, deux athlètes, Abdelati Iguider et Mohamed Mestaoui ont vidé leurs sacs, depuis la capitale russe. Du 10 au 18 août, Moscou avait rendez-vous avec la 14ème édition des Mondiaux d'athlétisme. Vingt-six sportifs marocains ont pris part à cette compétition. Au stade de Loujniki, le miracle n'a pas eu lieu. Le Maroc est bon dernier, son escarcelle étant désespérement vide. Pas la moindre médaille, même en demi-fond, et notamment au 1500 m. Les seuls espoirs de voir le drapeau marocain hisser dépendait de la performance d'Abdelaâti Iguider, notre seul médaillé, de bronze, des jeux olympiques de Londres de l'été dernier, et la jeune Malika Akkaoui. Qualifié à la grande finale de la reine des courses, Iguider a flanché, non pas à cause du dopage mais tout simplement parce qu'il n'en peut plus. Sur Al Jazeera, Iguider a vidé son sac L'athlète marocain en a marre. Il ne supporte plus que la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports ne respectent pas leurs engagements financiers envers lui. «Mes ennuis ont commencé bien avant les JO de Londres. Je suis le seul marocain ayant décroché une médaille d'or en 1500 m dans les mondiaux en salle d'Istanbul et également le seul à récolter le bronze aux jeux olympiques. Et pourtant, ce que j'aurais dû avoir en guise de récompense, je ne l'ai pas eu. Les primes pour les deux performances étaient faibles par rapport aux promesses des responsables. L'ancien ministre de tutelle (Moncef Belkhayat, ndlr) avait signé un document spécifiant le montant d'argent à accorder pour chaque médaille. Il n'en fût rien. Pire que ça, dix jours après notre retour au JO de Londres, ils ont résilié le contrat de mon entraineur. Et depuis, je m'entraine tout seul». Et d'ajouter que «je suis arrivé aux mondiaux de Moscou totalement déprimé et le moral en dessous de zéro». Mestaoui, un autre athlète qui attaque la fédération d'Ahizoune Mohamed Mestaoui, arrivé 9ème à la finale de 1500 m, a également vidé son sac. Dans des déclarations à la presse, il avoue que s'il est dans la capitale russe, c'est «à mes frais». L'athlète reconnaît avoir de graves problèmes avec la Fédération. «Ils m'ont interdit de prendre part aux concentrations sportives et m'ont éloigné du centre d'entrainement de Rabat. Ils n'ont fait appel à moi que deux semaines avant le début des mondiaux de Moscou». Dans ce contexte, la 9ème place de Mestaoui est un grand exploit. Ahizoune quittera-t-il la présidence de la fédération de l'athlétisme ? Iguider et Mestaoui ne sont pas les seuls à accuser la fédération d'Ahizoune de la responsabilité de cet échec, il y a également le cas de Malika Akkaoui. L'une des flammes du demi-fond au Maroc que les responsables ont, "sciemment", éteints en la privant de son entraineur personnel. Sous d'autres cieux, Abdeslam Ahizoune aurait pris l'initiative de démissionner, sauf que le Maroc a ses propres règles. Le cumul des échecs et des contre-performances ne signifient pas automatiquement la fin des fonctions, le cas du PDG de la RAM est à ce titre très éloquent. Même l'assemblée générale de la Fédération, du 4 mars, qui devait annoncer la fin de l'ère Ahizoune s'est terminée sur une fausse note. Sous l'insistance de membres de cette instance, favorable à la continuité du patron de Maroc Telecom, l'AG a été reportée sine die. Voilà plus de six ans que Ahizoune est à la tête de la fédération.