Une semaine difficile attend le chef de gouvernement. En vue de recoller les morceaux de sa majorité, Abdelilah Benkirane doit faire preuve de souplesse et d'un talent de fin négociateur. Le MP souhaite davantage de maroquins, le RNI se laisse désirer et le PPS, furieux d'avoir été privé de groupe parlementaire par ses alliés, tape du poing sur la table et se dit être prêt pour des élections anticipées. Le RNI, éventuel allié pour remplacer l'Istiqlal, ne souhaite nullement donner un blanc-seing à Abdelilah Benkirane. Sa participation sera monnayée au prix fort. Vendredi soir, à l'occasion d'une réunion avec les députés (54) et les conseillers (une cinquantaine) du parti, Rachid Talbi Alami, pressenti pour succéder à Karim Ghellab à la présidence de la Chambre des représentants, déclarait au JT de minuit d'Al Oula, que le RNI exige un remaniement ministériel complet, rejetant l'option de remplacer les cinq ministres istiqlaliens par des RNIstes. Le RNI est sur la même longueur d'onde que le MP Il n'y a pas que le parti de la Colombe qui souhaite une nouvelle redistribution des maroquins au sein du cabinet Benkirane, le mouvement populaire partage le même avis. Une position communiquée lors de la dernière réunion de son bureau politique du MP. Les amis de Mohand Laenser veulent davantage de portefeuilles ministériels, ils lorgnent notamment le poste de n°2 de la diplomatie marocaine. Mohamed Ouzzine, l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, ambitionne de retourner au département des Affaires étrangères, sachant qu'il était secrétaire d'Etat aux AFE d'août 2009 jusqu'au janvier 2012. Depuis la formation du gouvernement Benkirane, des voix s'élèvent au sein du MP réclamant de rendre justice à leur formation. Les «Harakis» souhaitent grignoter un ou deux maroquins au PPS. Les anciens communistes n'ont que 18 députés contre 32 pour le MP, et pourtant ils ont le même nombre de maroquins, soit quatre. Furieux, le PPS se dit prêt aux élections anticipées Dimanche, le PPS a tenu une réunion extraordinaire de son Comité central. Trois jours auparavant, le RNI, possible allié, et le Mouvement populaire, membre de la majorité, se sont ouvertement opposés à une proposition de modification du règlement intérieur de la Chambre des représentants, permettant de réduire le nombre exigé pour la formation d'un groupe parlementaire de 20 à 18. La manœuvre aurait facilité aux camarades de Nabil Benabdellah le maintien de leur propre groupe. Dans une allocution devant les membres du comité central, le secrétaire général du PPS a défendu la proposition de son parti, rappelant au passage qu'en France, 15 députés sont nécessaire pour la constitution d'un groupe à la Chambre basse du parlement français. Benabdellah, dans un exercice pédagogique, pour préparer les siens à l'option des élections anticipées a fait savoir qu'elle reste envisageable au cas où les négociations pour la restauration de la majorité de Benkirane échoueraient. Un autre point de discorde entre le PPS et le RNI. Mezouar & les siens veulent un remaniement ministériel total alors que les camarades espèrent que cinq ministres du parti de la Colombe remplacent ceux de l'Istiqlal. Et rien de plus. Dans ce contexte, le bateau Benkirane parviendra-t-il à naviguer dans ces eaux troubles et arriver à bon port ? La réponse en fin de semaine.