La crise politique entre l'Istiqlal et le PJD s'est invitée à la célébration de la Fête du 14 juillet à Rabat, dans le jardin de la résidence de l'ambassadeur. Ambiance bon enfant, complicité entre Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc, et Abdelilah Benkirane, ont conduit à quelques traits d'humour mémorables. Il y avait foule à la réception donnée à l'occasion de la fête nationale française à la résidence de France à Rabat. Des ministres, des députés, des chefs de parti politique, des chefs d'entreprises, des membres de la société civile, ainsi que des artistes et écrivains marocains mais aussi membres de la communauté française au Maroc ou diplomates étrangers ont répondu présent à l'invitation de Charles Fries. Tous ces invités ont patiemment attendu dans l'immense jardin de la résidence pour écouter le discours de l'ambassadeur de France au Maroc, retardé à dessein pour permettre l'arrivée du chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane, après la prière du Tarawih. Ils ne seront pas déçus. 22h30, l'ambassadeur de France à Rabat entame un discours vantant comme à l'accoutumée, les formidables liens qui unissent les deux pays, tout en soulignant la nouvelle dynamique insufflée par les nouveaux gouvernements Ayrault et Benkirane. Alors que Charles Fries évoquait «cette longue relation d'amitié pour ne pas dire plus…», le chef du gouvernement marocain le coupe pour ajouter «relation d'amour», lui ôtant les mots de la bouche. Rire dans l'assistance. Preuve est faite que les deux pays sont sur la même longueur d'onde. Les oreilles de Chabat ont sifflé La glace étant brisée, Charles Fries continu son discours et se permet même quelques clins d'œil. Ainsi, pour préciser cette relation d'amour entre les deux pays, il rappelle que les premiers signes pourraient remonter au règne du sultan Moulay Ismaël, qui avait demandé la main de Mademoiselle de Blois, la fille de Louis XIV. L'ambiance détendue démontre qu'aucun nuage ne peut venir obscurcir les bonnes relations entre les deux nations. Tellement bonnes que Abdelilah Benkirane n'hésitera pas à envoyer, sur le ton de la boutade : «Les relations avec la France sont bien meilleures que celles que j'ai avec un certain parti au Maroc». Les oreilles de Hamid Chabat auront sûrement sifflé hier soir. Charles Fries sourit et enchaine : «peut-être que ce jardin sera le lieu où se négociera la composition du prochain gouvernement du Maroc ?». Il faisait bien sûr allusion à la présence parmi les convives du secrétaire général du RNI, Salaheddine Mezouar. Silence de Benkirane. Pas sûr que les négociations soient si simples pour qu'elles puissent se conclure ce soir dans ce jardin, devait-il penser.