Le débat sur la tuberculose liée à la consommation de lait cru (lait non pasteurisé et non stérilisé) a refait surface dans le débat public au Maroc. Bien que le lien entre la tuberculose et la consommation de lait non pasteurisé soit connu depuis des années dans les milieux de la santé, ce sujet n'avait pas auparavant suscité un tel niveau de polémique. Dans une vidéo largement partagée, l'influenceuse marocaine Nada Hassi a révélé avoir contracté la tuberculose au niveau de ses ganglions lymphatiques après avoir consommé du lait cru. Dans une autre vidéo, elle explique avoir subi une opération pour retirer la glande infectée. Le diagnostic médical a confirmé que la source de l'infection provenait du lait traditionnel qu'elle avait consommé. Nada a également annoncé qu'elle commencerait un traitement à long terme, d'une durée de six mois à un an, conformément au protocole de traitement de la tuberculose. Le témoignage de Hassi a suscité de nombreuses interrogations parmi les citoyens concernant la sécurité du lait vendu en dehors des circuits officiels et l'efficacité de la surveillance sanitaire de ces produits alimentaires. Avertissement contre la consommation de «lait cru» et ses risques pour la santé Dans une déclaration à «Yabiladi», le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a indiqué que le lien entre la tuberculose et le lait n'est pas une nouveauté au Maroc ; il est connu depuis des années. Bien que les discussions sur les réseaux sociaux se multiplient, il n'existe pas de statistiques officielles récentes au Maroc confirmant une hausse des cas liés au lait, selon le Dr Hamdi, qui précise ne pas avoir observé de "flambée" d'infections. Néanmoins, l'absence de statistiques officielles récentes ne signifie pas que le risque est inexistant, d'autant plus que certains animaux infectés peuvent rester asymptomatiques pendant de longues périodes, a-t-il souligné. «La consommation de lait non pasteurisé représente un véritable risque pour la santé. La contamination peut survenir durant le processus de traite, à cause de l'infection de l'animal lui-même, ou en raison d'une intervention humaine inadéquate lors des étapes de production et de distribution.» Dr. Tayeb Hamdi Hamdi a ajouté que «la tuberculose ne touche pas uniquement le système respiratoire ; elle peut également affecter d'autres organes du corps, comme les ganglions lymphatiques, le foie et les os, notamment dans les cas d'infections d'origine alimentaire, y compris le lait non pasteurisé». Les symptômes de la tuberculose d'origine animale se manifestent souvent par une hypertrophie des ganglions lymphatiques, pouvant évoluer en ulcères qui ne guérissent qu'après un diagnostic précis et un traitement avec des médicaments antituberculeux approuvés. "ONSSA" rassure et met en garde contre les produits non contrôlés En réponse à la controverse, l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) a publié des clarifications sur ses comptes officiels, affirmant que tous les produits laitiers fabriqués dans des unités de production agréées sont soumis à une surveillance sanitaire stricte et ne présentent aucun risque pour la santé des consommateurs. L'office a, en revanche, exhorté les citoyens à éviter de consommer du lait et ses dérivés provenant de sources non agréées ou non surveillées, soulignant l'importance de vérifier le numéro de licence sanitaire (imprimé sur l'emballage) et la source de production avant d'acheter ou de consommer. L'office a également diffusé une vidéo de sensibilisation expliquant les risques de la consommation de lait cru et exhortant le public à faire bouillir ou pasteuriser le lait en cas de doute sur son origine. Responsabilité collective pour faire face au risque Le Dr Hamdi estime que la solution réside non seulement dans la sensibilisation, mais aussi dans l'application d'un contrôle strict sur les voies de distribution et de commercialisation du lait sur le marché traditionnel. Il a souligné que la consommation aléatoire de produits alimentaires sans vérification de leur origine ouvre la voie à la propagation de maladies graves qui auraient pu être facilement évitées. Il a appelé à une plus grande sensibilisation parmi les éleveurs de bétail, notamment en ce qui concerne le suivi de l'état de santé de leurs animaux et l'assurance d'un traitement précoce des maladies animales infectieuses. Il a insisté sur la nécessité de lutter contre l'anarchie dans la commercialisation du lait et de ses dérivés, et d'assurer le transport du lait dans des conditions saines et réfrigérées, loin des méthodes traditionnelles dépourvues de normes de sécurité. Le Dr Tayeb Hamdi a conclu ses remarques en déclarant que «les moyens de subsistance de certains ne peuvent pas se faire au détriment de la santé des autres. Protéger la santé des citoyens implique un chemin clair. Ainsi, si cela est mis en œuvre, cela garantira la valorisation du travail agricole et améliorera la qualité et la productivité de ce secteur également».