Le ministère de l'Intérieur vient de publier un communiqué assassin en réponse aux graves accusations portées par MSF, dans son dernier rapport, contre les forces de sécurités marocaines et la politique migratoire du Maroc. Il nie en bloc et sans nuance. Lorsque, mercredi 13 mars, Médecins sans frontière, a délivré son rapport sur les conditions de vie et plus particulièrement la santé des migrants subsahariens en situation irrégulière au Maroc, l'ONG n'a fait que répéter ce que toutes les associations préoccupé des droits de l'homme et des migrants s'épuisent à dénoncer depuis des années. Hier, vendredi 16 mars, le ministère de l'Intérieur a pourtant nié toutes les accusations portées par MSF dans son rapport. Selon le ministère de l'Intérieur, «MSF occulte aussi la doctrine et l'engagement des autorités marocaines pour la non expulsion des migrants vulnérables, des femmes enceintes, des mineurs, des refugiés et demandeurs d'asile et ce en conformité avec les dispositions légales en vigueur et les conventions internationales pertinentes.» «MSF occulte» Si le communiqué officiel emploie le terme «occulter» comme pour dénoncer un parti pris de la part de MSF ou sa volonté de cacher une partie de la réalité, il nie, en fait, purement et simplement, ce que MSF a directement constaté à Oujda, Nador et Rabat. «En 2012, 191 incidents ont été enregistrés et plus de 6 000 personnes ont été expulsées. D'après des données de MSF, au moins 93 femmes, dont 18 étaient enceintes, 45 mineurs, 35 enfants et plus de 500 personnes nécessitant une prise en charge médicale pour blessures associées à la violence, ont été expulsés au cours de l'année», rapporte MSF dans son dernier rapport, en soulignant que ces chiffres restent en deçà de la réalité. «MSF occulte tous les efforts déployés par les autorités marocaines en matière de protection des victimes, notamment les opérations d'envergure de retour volontaires initiées en faveur des migrants extirpés des réseaux de trafic des êtres humains [...]», souligne le ministère marocain de l'Intérieur. Il ne fait aucune mention des centaines de victimes de viols qui ne reçoivent aucun soutien, ni ne reçoivent aucune protection de la part des autorités marocaines. Principes purement théoriques Dans son rapport MSF parle de «violence institutionnelle» envers les migrants car leur sort est directement lié aux politiques migratoires européenne et marocaine. «L'action des services de sécurité lors des opérations de reconduite aux frontières est strictement encadrée par la loi, les textes réglementaires et par les décrets d'application. Tout agent qui transgresse ces règles est passible de poursuites disciplinaires voire pénales», insiste en réponse le ministère de l'Intérieur, sans préciser si des poursuites ont déjà été engagé contre des policiers. MSF rapporte notamment l'histoire de Ibrahim 22 ans, «Ils m'ont frappe avec des matraques. Je voulais partir en courant, mais ils m'ont frappé et je suis tombé. Ils ont commencé à me frapper de nouveau. J'ai essayé de me protéger le visage et ils m'ont cassé les bras», raconte-t-il. Tout occupé à nier les accusations portées par MSF, plutôt qu'à y répondre, le ministère de l'Intérieur passe à côté de l'un des seuls points positifs du rapport : l'amélioration de la situation médicale des migrants, localement, à Oujda, grâce à sa collaboration avec les autorités sanitaires et la police marocaine. Une amélioration qui serait même à l'origine de la décision de l'ONG de quitter le Maroc.