L'écrivaine belgo-marocaine Fatiha Saidi a cosigné le roman «Reviens me dire je t'aime» avec Saïd Ben Ali, proposant une histoire épistolaire qui retrace les vécus et les parcours migratoires, sur le ton de la correspondance. L'opus littéraire, qui vient de paraître aux éditions La Croisée des Chemins, en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), est construit autour des échanges entre Myriam et son frère Daoud. Lorsque celle-ci voit son proche avec le président de la république, après les attentats de Paris en novembre 2015, «elle perd son sang-froid et lui envoie une première lettre assassine, le 18 mars 2016, par l'intermédiaire de son éditeur». «Les lettres se suivent, de manière régulière ou interrompue, avec violence mais aussi beaucoup d'amour tu». Par écrits interposés, la correspondance questionne les rapports entre Myriam et Daoud, tiraillés entre séparation, douleur et deuil. A travers la fiction, les co-auteurs proposent ainsi «un pan du parcours de ces jeunes issus d'une famille immigrée où les mots manquaient et où tous deux furent soumis à des injonctions normatives que Daoud a acceptées et que Myriam a refusées, dans une farouche recherche de liberté», note l'éditeur. Un écrit qui s'ajoute aux ouvrages salvateurs initiés pas des enfants de l'immigration eux-mêmes. Psychopédagogue et experte en genre, Fatiha Saidi oriente en effet son écriture vers la création qui alterne fiction et réalité, avec le souci de trouver les bons mots qui racontent les maux et les joies de primo-migrants, ou des générations de l'immigration marocaine ayant suivi. Mandataire politique de 1999 à 2018, l'autrice bruxelloise compte de nombreux ouvrages à son actif, dont «Echos de la mémoire sur les montagnes du Rif», qui rend hommage à sa région d'origine en la racontant par ses femmes. De son expérience immersive dans la mendicité est né son livre «Dans la peau d'une femme mendiante», paru en 2020. Plus récemment, Fatiha Saidi a coordonné le recueil de nouvelles collectif «J'ai deux amours», une ode à la double culture entre le Maroc et la Belgique. Dans ce nouvel opus écrit à quatre mains, elle joint son nom à l'auteur bruxellois Saïd Ben Ali. Porté surtout sur le théâtre, l'écrivain a pris goût au processus créatif de l'écriture depuis dix ans, en explorant un moyen d'expression illimité.