Dans le quartier d'El Hank à Casablanca, l'immeuble emblématique surnommé « La Municipalité » a longtemps été le témoin silencieux des époques révolues. Erigé dans les années 1960, ce bâtiment d'un blanc éclatant, orné d'une fresque de street art imposante, se dressait face à l'océan Atlantique, offrant à ses résidents une vue imprenable sur le phare légendaire et, au loin, la majestueuse mosquée Hassan II. Pour de nombreuses familles, « La Municipalité » n'était pas qu'un simple lieu de résidence ; c'était le berceau de souvenirs inestimables. Les appartements, bien que modestes et dépourvus d'ascenseur, étaient loués à des prix dérisoires, entre 60 et 120 dirhams par mois. Ces foyers ont vu passer les générations, des enfants jouant dans les couloirs aux anciens partageant des histoires sur les balcons surplombant la mer. Cependant, le poids des années a rendu l'immeuble vulnérable, menaçant la sécurité de ses occupants. Les autorités ont donc pris la décision difficile de procéder à son évacuation et à sa démolition. Un plan de relogement a été mis en place, offrant aux résidents des appartements neufs à Bouskoura et Errahma, en périphérie de Casablanca. Les locataires qui deviennent propriétaires n'en ont pas moins le coeur déchiré par ce déménagement forcé. Les bulldozers ont entamé leur œuvre, et les murs qui avaient abrité tant de vies se sont effondrés, emportant avec eux les échos d'un passé vibrant. Les anciens locataires, tout en se réjouissant de leur nouvelle situation, ne peuvent s'empêcher de ressentir une profonde nostalgie pour ce coin de Casablanca qui les avait vus naître et grandir.