Réuni à Casablanca ce jeudi 5 décembre, le Bureau exécutif de la Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ) a exprimé sa profonde indignation face à l'arrêté ministériel conjoint n° 2345.24, signé par le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et le ministre délégué chargé du Budget. Cet arrêté, en application du décret gouvernemental de décembre 2023, fixe les modalités d'octroi de l'aide publique aux secteurs de la presse, de l'édition, de l'imprimerie et de la distribution. La FMEJ dénonce un texte qui consacre le monopole, marginalise les petites et moyennes entreprises médiatiques ainsi que la presse régionale, et contrevient aux principes de transparence, d'égalité des chances et de neutralité inscrits dans l'article 7 de la loi relative à la presse et à l'édition. Ce même article précise que le soutien public vise à promouvoir la lecture, renforcer le pluralisme et appuyer les ressources humaines du secteur, des objectifs que l'arrêté ministériel aurait, selon la Fédération, gravement détournés. La FMEJ reproche notamment à ce texte de privilégier les grandes entreprises au détriment des plus petites, en introduisant des critères basés sur un chiffre d'affaires plancher qui excluraient des centaines d'acteurs historiques du secteur. Ce mécanisme, inédit au niveau mondial, est perçu comme une dérive mercantile mettant en péril le pluralisme médiatique et menaçant l'emploi dans les petites structures. La Fédération estime également que les critères d'attribution des aides aux imprimeries ont été conçus sur mesure pour quelques entités, écartant des établissements existants depuis des décennies. De plus, la FMEJ pointe l'absence de concertation réelle avec les représentants des éditeurs et la marginalisation délibérée de la Fédération dans l'élaboration de ces décisions. Elle dénonce une tentative de mainmise gouvernementale sur le secteur, en violation de la volonté royale exprimée en 2002 en faveur de l'indépendance et du développement des médias. Face à ce qu'elle qualifie de «massacre contre les principes de loi et d'équité», la FMEJ annonce une mobilisation générale contre cette décision ciblant 90 % du tissu entrepreneurial médiatique. Elle prévoit un programme national de protestation et appelle à la création d'un front commun regroupant les organisations professionnelles concernées. L'objectif : obtenir l'annulation de l'arrêté ministériel et du décret gouvernemental, et garantir une réforme participative avec la FMEJ en position centrale, en tant qu'organisation la plus représentative des éditeurs.