Mohammed C., 63 ans, un retraité marocain installé à Dijon, est désormais accusé d'être impliqué dans deux affaires de meurtres non résolus ayant marqué l'Isère. Le journal Le Parisien vient d'annoncer sa mise en examen pour les assassinats de Nathalie Boyer en 1988 et de Laïla Afif en 2000. Il a été confondu par des traces ADN retrouvées sur des éléments de l'une des scènes de crime. Originaire du Maroc, Mohammed C. s'était installé en France où il avait travaillé comme ouvrier chez Renault avant de prendre sa retraite. À Dijon, il vivait depuis plusieurs années dans un appartement du quartier des Grésilles avec sa compagne, menant une existence en apparence paisible. Ce quotidien sans histoire est désormais bouleversé par son arrestation et sa mise en examen, comme le rapporte le journal Le Parisien, dans le cadre des enquêtes sur deux meurtres non élucidés (cold case). L'homme est accusé d'avoir tué deux femmes dans l'Isère, où il avait vécu dans les années 1980 et 1990, à proximité des lieux des crimes. Les accusations portent sur deux affaires distinctes. En août 1988, Nathalie Boyer, une collégienne de 15 ans originaire de La Réunion, avait disparu alors qu'elle rentrait chez sa mère à Villefontaine. Quelques jours plus tard, son corps sans vie, qui portait des marques d'égorgement, avait été retrouvé à Saint-Quentin-Fallavier, détaille France 3. Nathalie Boyer a été égorgée à 15 ans / Archive Douze ans plus tard, en mai 2000, Laïla Afif, mère de cinq enfants, était découverte morte dans un ruisseau à La Verpillière, tuée d'une balle dans la nuque. Le retraité marocain, qui vivait dans la région à cette époque, est aujourd'hui soupçonné d'avoir un lien direct avec ces deux crimes. L'arrestation et la mise en examen C'est aux premières lueurs du jour du dimanche 24 novembre que Mohammed C. a été interpellé dans son appartement de Dijon. Placé en garde à vue pendant 96 heures, il a ensuite été présenté au juge des libertés avant d'être transféré au tribunal de Nanterre, où siège le pôle spécialisé dans les affaires non élucidées. Ce service, créé en 2022, a permis de relier ces deux affaires grâce à des éléments ADN exploités récemment. Mohammed C. conteste fermement les faits qui lui sont reprochés. «Il est bouleversé par cette arrestation et par les accusations qui remontent à plusieurs décennies», affirment ses avocats. Sa compagne, avec laquelle il partage sa vie depuis cinq ans, continue de le soutenir. Si Mohammed C. a pu passer inaperçu ces dernières années, certains de ses comportements avaient éveillé des soupçons. Une voisine du quartier des Grésilles se souvient qu'avant de s'installer avec sa compagne, il passait de longues journées dans sa camionnette blanche, garée près d'une laverie automatique. «Il avait l'air d'attendre quelqu'un. Les femmes du quartier avaient remarqué sa présence. Il me faisait peur», confie-t-elle. Mais malgré ce comportement mystérieux, Mohammed C. gardait une bonne image. Les témoignages le décrivent même comme un «charmeur», voire «un peu coureur». Une lueur d'espoir pour les familles Pour la fille de Laïla Afif, ces soupçons ne sont pas nouveaux. Interrogée par Ouest-France, elle affirme que le suspect faisait partie de leur cercle proche. «Cette famille, je la connais très bien. Nous étions amis. C'est un choc pour nous tous», explique-t-elle, en précisant que sa mère «connaissait son meurtrier». Leïla Afif, tuée par balles le 12 mai 2000, à Villefontaine (Isère). / Photo familiale Pour les proches des victimes, cette mise en examen est un espoir de justice après des décennies d'attente. Les deux affaires, qui faisaient partie du dossier des «disparus de l'Isère», étaient restées sans réponse jusqu'à l'intervention du pôle cold case. La mise en cause de Mohammed C. pourrait ainsi permettre de relancer d'autres enquêtes non élucidées dans cette région marquée par des drames similaires. Malgré les éléments confondants, Mohammed C. demeure présumé innocent. L'enquête se poursuit pour établir les faits avec certitude et lever les nombreuses zones d'ombre qui entourent ces deux meurtres. En attendant, le retraité marocain reste en détention provisoire, sur décision du juge des libertés et de la détention.