Le Maroc a grimpé à la 73e place dans l'Indice annuel de l'engagement à la réduction des inégalités, rendu public récemment par Oxfam. Ce pas significatif s'explique en grande partie par une conjoncture particulière : les efforts de reconstruction post-séisme, ainsi que l'augmentation du budget alloué à l'éducation. Au niveau mondial, le rapport prévient justement que ces progrès pourraient être de courte durée, vu les prévisions à la baisse. L'Indice de l'engagement à la réduction des inégalités 2024 fait état des progrès significatifs réalisés par le Maroc sur une année. Publié lundi 21 octobre par Oxfam et le groupe Development Finance International (DFI), ce classement mondial évalue les actions de 164 pays et régions. Parmi eux, le royaume occupe la 73e place. Parmi les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le Maroc est à la cinquième place. Il est devancé par Israël (13e mondial), la Jordanie (43e), la Tunisie (59e) et l'Algérie (64e). Par ailleurs, le royaume surclasse la Palestine, l'Egypte, l'Iran, Djibouti, le Yémen, Oman, le Liban, l'Irak et Bahreïn. Dans le groupe de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le Maroc se classe 11e, derrière l'Ouzbékistan et devant la Bolivie, l'Egypte, l'Eswatini et le Honduras. Au niveau continental, l'Afrique du Sud, l'île Maurice et le Lesotho arrivent en tête. Au classement mondial, la Norvège est en tête du peloton. Elle est suivie du Canada, de l'Australie, de l'Allemagne et de la Finlande. Dans son analyse, le rapport s'appuie sur trois indicateurs : les services publics, la fiscalité et l'emploi. Le Maroc se classe au 90e rang pour le premier indice. Il est 97e dans le second et 21e dans le troisième. Dépenses post-séisme Le Maroc est le pays qui a connu la plus forte progression dans ce classement. Selon Oxfam et DFI, c'est le «pays qui se démarque» dans cette édition du rapport. Cette réalisation est attribuée aux «dépenses plus élevées» liées à la «reconstruction post-séisme», après la catastrophe naturelle ayant fait près de 3 000 morts. Ainsi, le rapport note une variation de +30 depuis l'indice 2022, plaçant le Maroc devant d'autres régions qui suivent la même tendance, tels que la Malaisie, le Paraguay, l'Eswatini, le Canada, l'Espagne, l'Equateur, la Moldavie, la République démocratique du Congo et Hong Kong. Le document nuance toutefois que nombre des pays en forte progression de cette édition, dont le Maroc, «pourraient ne pas y rester longtemps». Il précise que le royaume, «pays en forte progression, a gagné 96 places grâce aux importantes dépenses consacrées aux secours et à la reconstruction après le séisme». Par ailleurs, Oxfam souligne que le Maroc figure parmi les «10 pays qui dépensent le plus dans l'éducation», en raison d'une «augmentation de 17% de la part de son budget» sectoriel. Si cette hausse est en grande partie liée à la reconstruction des écoles après le séisme, elle reflète également des initiatives visant à améliorer l'équité, comme les repas scolaires gratuits et le préscolaire, de manière à lutter contre les inégalités extrêmes dans le système éducatif national. Mais à l'échelle mondiale, neuf pays sur dix adoptent des politiques qui risquent d'accroître les inégalités économiques. L'étude indique également que 94% des Etats bénéficiaires de prêts de la Banque mondiale et du FMI ont réduit leurs investissements essentiels dans l'éducation publique, la santé et la sécurité sociale au cours des deux dernières années. Cette tendance est particulièrement marquée dans les pays les plus pauvres du monde, 95% des pays bénéficiaires de l'IDA ayant procédé à de telles réductions.