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Diaspo #344 : Hassan Elammouri, ambassadeur des musiques du monde aux Pays-Bas
Publié dans Yabiladi le 29 - 06 - 2024

Depuis une quarantaine d'années qu'il réside aux Pays-Bas, l'acteur culturel Hassan Elammouri est devenu une référence dans la programmation musicale empreinte de diversité et des sonorités d'ailleurs. A travers ce processus sur le temps long, il a réussi doucement mais sûrement a décloisonner la scène artistique néerlandaise. Le pari est réussi grâce à ArteGanza, sa fondation à but non-lucratif qui tient le festival Musica Mundo Rythms of the World à Amersfoort.
Né à Aït Ouarda Ouaouizeght, dans la région de Beni Mellal, Hassan Elammouri a vécu à Fès depuis l'âge de 6 ans. C'est dans la capitale spirituelle qu'il obtient son baccalauréat littéraire en section anglaise, avant de commencer ses études de licence à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah. Féru de lettre arabe et anglaise, il migre ensuite aux Pays-Bas, au début des années 1980, pour faire un master à l'Université d'Amsterdam. Il fait une formation académique également en droit et administration, pour accéder à la fonction publique.
Après quoi, il exerce dans le secteur bancaire pour acquérir de l'expérience dans le monde de l'entreprise, mais toujours avec l'idée d'accéder à l'administration pour contribuer à un «changement de l'intérieur». Plus tard admis à la fonction publique, il est rattaché au service des impôts, puis il fait des études poussées pour l'équipement, l'infrastructure et la gestion des villes. Il gravit les échelons jusqu'à devenir conseiller de la municipalité et du collège du maire et de ses adjoints.
En 25 ans d'expérience dans la gestion publique au sein de postes de fonctionnaires d'Etat, il a désormais son mot à dire dans l'administration locale, grâce au conseil stratégique. Mais parallèlement, Hassan Elammouri a toujours été un grand mélomane.
Jeter les ponts à travers la gestion publique et les actions artistiques
Travaillant à Utrecht pendant huit ans, il s'installe à Amersfoort, où il nous dit retrouver «un espace urbain à taille humaine, permettant un contact avec la nature». C'est dans cette ville aux 132 nationalités dans le centre des Pays-Bas que le passionné des arts de scène introduira peu à peu la notion de la diversité dans la programmation des structures culturelles. Désormais une référence nationale en la matière, il est la dynamo du festival Musica Mundo – Rythms of the World, qui tient sa septième édition du 27 au 30 juin 2024. Mais avant cela, le chemin a été long et il se félicite aujourd'hui de récolter le fruit d'un labeur sur des décennies.
Pays-Bas : Musica Mundo crée le pont entre les musiques du monde
Hassan Elammouri et la chanteuse ghanéenne-britannique Sona Jobarteh / Ph. Peter Putters - Musica Mundo Rythms of the World
Entre la musique et la gestion publique, Hassan Elammouri jette les ponts entre le Maroc et les Pays-Bas. A travers son activité professionnelle, il organise des rencontres avec les mairies de son pays d'origine, dans une démarche de réseautage territorial et d'échange des bonnes pratiques. «En dehors de cela, je cherchais toujours des activités pour m'occuper. J'ai commencé alors à faire le tour du monde culturel néerlandais, dans les théâtres et les lieux artistiques très centrés sur les artistes locaux et nationaux», nous confie le directeur général et artistique de Musica Mundo, de l'intérieur de cette septième édition.
«Au début, j'étais la tulipe noire au milieu des autres fleurs ! Le public encore très local se demandait si les étrangers pouvaient comprendre les subtilités de leur culture. J'y ai puisé ma force et aujourd'hui, cela m'apprend à parler à mes interlocuteurs dans l'univers artistique et social plus globalement de manière à rassembler dans les différences.»
Hassan Elammouri
Convaincu que «nous devons créer nos propres courants artistiques» au Maroc, Hassan Elammouri a anciennement été consterné par espaces d'expression artistique limités à quelques théâtres et scène cantonnées dans l'univers underground. A travers Musica Mundo, il visibilise ainsi des artistes venus des quatre coins du monde, y compris de son pays d'origine, qui a bien sa place dans la programmation éclectique de cette septième édition.
Cette année, le groupe tangérois de rock oriental et de rock alternatif Lazywall est en effet en tête d'affiche, aux côtés d'artistes issus des autres pays d'Afrique et plus globalement du sud, en symbiose avec leurs homologues néerlandais. «Je me suis juré de devenir ambassadeur du patrimoine marocain, d'une autre manière», nous a affirmé Hassan Elammouri.
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La diversité culturelle pour une intégration autrement
C'est à partir de cette réflexion que Hassan Elammouri s'est investi personnellement dans le domaine. Dans un premier temps, il a participé à la programmation artistique de festivals et de rendez-vous culturels en tant que freelance. Très écouté et entendu, en proposant de nouvelles couleurs afin de changer les programmations euro-centrées, il réussit le pari d'ouvrir les horizons vers les cultures venues d'ailleurs, dans une démarche de régularité tout au long de l'année.
A partir de 2007, Hassan Elammouri crée la fondation ArteGanza, dans l'idée de «passer à un stade supérieur, à travers une institution à but non-lucratif, dédiée à l'art et à la création musicale». L'esprit de cette structure et de son initiateur s'inscrit d'ailleurs dans une démarche multidisciplinaire, ouverte à la musique, mais également aux arts visuels ou ceux combinant diverses approches créatives. Peu à peu, la structure fait ses preuves et gagne la confiance des bailleurs de fonds publics.
«Aujourd'hui, nous obtenons des subventions publiques sur quatre ans, tout en étant pionniers au bout de 17 de travail continu. Grâce à cette crédibilité construite sur des années, nous avons maintenant des facilités pour intégrer des programmations avec des espaces artistiques, dans une dynamique complémentaire comme dans les salles de théâtre, dont Lieve Vrouw à Amersfoort pour Musica Mundo, mais pas que.»
Hassan Elammouri
Dans cette démarche voulu artistique et éthique à la fois, l'acteur culturel tient à se définir principalement comme «un passionné de la musique». «Je ne cherche pas à être payé à travers ces activités. Nous sommes subventionnés par les pouvoirs publics à hauteur de 60%. C'est l'argent du contribuable et le droit le plus légitime des citoyens est qu'il leurs revienne, par le biais de la programmation artistique que nous proposons et que nous cherchons à rendre accessible par tous les moyens», nous a-t-il affirmé.
Hassan Elammouri / Ph. Peter Putters - Musica Mundo - Rythms of the World
La culture, un retour sur investissement pour les citoyens
Pour Hassan Elammouri, «c'est cela, le retour sur investissement qui reste un acquis de l'action artistique et culturelle, avec un impact économique et social, tout en s'imposant des exigences professionnelles à soi-même, conscient que le principe de la reddition des comptes s'applique à tout le monde». «Les fonds que nous percevons vont aux cachets des artistes, des techniciens et des prestataires, quitte à investir de ses fonds propres, ce que j'ai fait précédemment, avant d'être subventionné», a-t-il ajouté.
Sur cette lancée et dans cet esprit, ArteGanza organise beaucoup d'autres activités et lance plusieurs projets artistiques, en lien avec la photographie, le documentaire, la musique, en plus de plusieurs événements à part Musica Mundo. «Actuellement, le but est d'attirer davantage de jeunes au sein du public de ce festival. Plus de deux millions sont férus des musiques du monde aux Pays-Bas et nous sommes amenés à créer de nouvelles générations d'un public fidélisé», estime Hassan Elammouri.
Pour cette raison, le festival a ouvert sa programmation à la jeune scène, à travers l'after-party, «un concept expériementé cette année et qui a eu un franc succès, ce qui donne l'idée de le reconduire lors des prochaines éditions», en plus de continuer à connecter les artistes locaux avec ceux venus du Maroc et de partout ailleurs. «C'est une manière d'attirer la curiosité vers d'autres musiques, auprès de tous les âges», nous déclare celui qui ambitionne aussi de «capitaliser davantage sur les résidences artistiques et produire un documentaire tous les quatre ans», à travers ArteGanza.


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