Un institut israélien met en garde le gouvernement Netanyahu contre une réaction du Maroc aux massacres quotidiens des Palestiniens. Et de rappeler la riposte de Rabat, en 2000, à la pénétration d'Ariel Sharon à la Mosquée Al Aqsa. L'Institut National pour les Etudes sur la Sécurité (INSS), relevant de l'université de Tel-Aviv, est préoccupé par les conséquences du rejet massif des Marocains de l'agression israélienne à Gaza sur l'avenir des relations entre le Maroc et l'Etat juif. Des craintes fondées, souligne l'INSS, sur les résultats du dernier sondage réalisé par Arab Barometer, publié le 7 juin, ayant montré que 87% des Marocains sont contre la normalisation alors qu'ils étaient 69% en 2022. «Depuis octobre, des manifestations presque hebdomadaires ont lieu au Maroc en soutien aux Palestiniens, appelant généralement à la rupture des liens entre Israël et le Maroc.» INSS Prenant au sérieux ces données, l'INSS a mis en garde le gouvernement d'extrême droite, présidé par Benyamin Netanyahu depuis décembre 2022, contre une éventuelle décision des autorités marocaines qui dépasse les traditionnels communiqués de condamnation des massacres de la population palestinienne par l'armée israélienne. «Israël ferait bien de se rappeler que le soutien du Maroc aux Palestiniens peut passer des paroles aux actes. Lors de la Seconde Intifada, le Maroc avait ainsi rompu ses relations avec Israël en raison de l'escalade du conflit, et il a fallu près de vingt ans pour les rétablir», avertit l'INSS. L'INSS rappelle l'épisode de la Seconde Intifada Le royaume avait tourné la page de la normalisation politique et diplomatique, initiée par le roi Hassan II au lendemain de la signature des Accords d'Oslo le 13 septembre 1993 à la Maison blanche entre Palestiniens et Israëliens, en riposte à la pénétration, en septembre 2000, d'Ariel Sharon, alors chef du Parti Likoud (droite populiste), dans l'esplanade de la Mosquée Al-Aqsa à Al Qods alors que les Palestiniens avaient entamé leur Seconde Intifada, après celle lancée dans les années 80. Tout en se félicitant que la guerre à Gaza n'a pas eu d'impact négatif sur le commerce et la coopération sécuritaire entre les deux pays, l'INSS déplore que la situation dans la Bande ait considérablement impacté les «relations diplomatiques, les visites officielles et le tourisme». Un constat déjà exprimé par «The Washington Institute for Near East Policy» dans un rapport publié le 25 octobre 2023. L'«Abraham Accord Peace Institute (AAPI)» a, de son côté, abondé dans le même sens. Le centre de recherche a salué le record des échangés commerciaux entre Rabat et Tel-Aviv, enregistré en 2023, ayant atteint 116,7 millions de dollars contre 56,2 M$ en 2022. L'AAPI a néanmoins relevé que la guerre sur Gaza a chamboulé le cours des relations entre les deux Etats en 2023. Preuve en est la baisse significative des touristes israéliens qui ont visité le Maroc en 2023, 50 548 contre 74 648 en 2022, soit une diminution de 32 %. Accords d'Abraham : Les pays arabes réduisent leurs commandes d'armes israéliennes Depuis le 7 octobre, aucun ministre ou haut responsable israélien n'a effectué une visite officielle au Maroc. Quelques mois plus tôt, le royaume avait notamment accueilli Moshé Arbel (Intérieur et Santé) en juin ; Ofir Akunis (Technologie et Innovation), également en juin ; Miri Regev (Transport) en mai ; et Nir Barkat (Economie et Industrie), en mai aussi. Amir Ohana, président de la Knesset (Parlement), s'est rendu également au royaume. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahu prévoyait même de se déplacer au Maroc.