Comme en Libye en 2011, la France intervient militairement au Mali. Depuis samedi, ses avions bombardent les bastions des antennes locales d'Al Qaida. Quelles sont les positions respectives de l'Algérie et du Maroc ? La crise malienne était au cœur des entretiens téléphoniques, du lundi, entre le roi Mohammed VI et François Hollande. Un communiqué du cabinet royal, relayé par la MAP, annonce que les «deux chefs d'Etat se sont concertés sur la situation au Mali en particulier à la suite des derniers développements enregistrés dans ce pays». Sur ce dossier, Rabat et Paris sont sur la même longueur d'onde, appuyant une intervention militaire afin de rétablir l'autorité de Bamako dans le Nord du pays, sous le contrôle des groupes intégristes d'Ansar Eddine et du Mujao, proches d'Al Qaida, et du Mouvement amzigh de libération de la province d'Azawad. Le royaume, durant sa présidence tournante, en décembre, du conseil de sécurité a joué un rôle déterminant dans l'adoption, à l'unanimité des Quinze, de la résolution 2085, autorisant le déploiement d'une force africaine au Mali «pour une période initiale d'une année, d'une force internationale sous conduite africaine afin de rétablir la souveraineté malienne sur l'ensemble du territoire». Pour le moment, les frappes aériennes françaises ne semblent pas atomiser la force de réaction des antennes locales d'Al Qaida. Lundi, les islamistes ont pris la ville de Diabali, à 400 km au nord de Bamako. Ainsi, ils ont vite compensé la perte de Konna, tombée fin décembre entre les mains d'Ansar Eddine. Alger autorise les avions français à survoler son territoire Cette intervention militaire française constitue une surprise, sachant qu'elle n'était pas à l'ordre du jour. Elle n'est, d'ailleurs, pas la seule. La nouvelle position algérienne en est une, également. Aujourd'hui, la presse du voisin de l'Est, rapporte à l'unisson, l'autorisation accordée par le pouvoir en place aux avions français de survoler le territoire algérien afin de bombarder les bastions des groupes terroristes. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères souligne, aujourd'hui, dans des déclarations au site TSA que «la décision relative à l'ouverture de l'espace aérien national se prend, de manière souveraine par l'Algérie, chaque fois que nous estimons que la demande de survol est fondée sur une nécessité avérée. En l'occurrence, nous avons estimé que c'était le cas en examinant la demande française qui a été introduite et instruite selon la procédure en vigueur». Dimanche, Laurent Fabius a annoncé que «l'Algérie a autorisé sans limite le survol de son territoire aux avions français». La solution diplomatique aux oubliettes Ce revirement algérien marque l'échec de sa politique dans la crise malienne opposé à toute intervention militaire étrangère au Mali. Et surtout son pari sur le chef du mouvement Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali, qui a passé une bonne partie de sa jeunesse dans le sud algérien. Ce dernier a été présenté par la diplomatie d'Alger comme un interlocuteur incontournable en faveur d'une solution pacifique à la crise malienne, avant qu'il n'ordonne, fin décembre, à ces fidèles de marcher sur la ville de Konna et la prendre. Une prise qui a précipité l'intervention française au Mali. Dans les prochains jours, la guerre au Mali est appelée à entamer une nouvelle phase avec l'arrivée de troupes africaines et pourquoi pas marocaines?