Après les déclarations de Stéphane Séjourné, l'ambassadeur de France au Maroc aborde, sans détour, la question de la reconnaissance de la marocanité du Sahara dans le projet d'une normalisation réussie des relations politiques et diplomatiques avec Rabat. Sur la marocanité du Sahara, l'ambassadeur de France à Rabat a franchi un nouveau pas, lors d'une conférence-débat sur les relations entre Rabat et Paris, organisée hier à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Ain Chock à Casablanca, rapporte la MAP. «Il serait totalement illusoire, irrespectueux et stupide de considérer qu'on va construire ce que j'espère qu'on arrivera à construire, brique après brique, pour le bonheur de nos deux nations et quelques autres voisins, sans clarifier ce sujet, que tout le monde à Paris connait et reconnait le caractère essentiel pour le Royaume, hier, aujourd'hui et demain», a souligné Christophe Lecourtier en réponse à une question sur la position de la France sur la question du Sahara. «Comment voulez-vous qu'on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du Royaume sur la question» du Sahara, s'est-il interrogé ? «Dans le dialogue que nous avons avec le Maroc, cette question, comme elle l'a été depuis 2007, sera évoquée dans la logique de poursuivre l'intimité et le partenariat dans les années et les décennies à venir», a précisé le diplomate. Rabat accueille avec prudence les signaux envoyés par Paris Pour rappel, l'ambassadeur français avait promis, dans une interview accordée en novembre à Radio 2M, que le soutien de son pays à la position du Maroc sur le dossier du Sahara «connaitra de nouveaux développements, puisque maintenant il faut avancer». La semaine dernière, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné a réaffirmé dans une interview accordée au quotidien Ouest-France que le «soutien clair et constant de la France au plan d'autonomie marocain (au Sahara), est une réalité depuis 2007. Nous ajoutons qu'il est temps désormais d'avancer». A la fin 2023, Paris a envoyé officiellement, et à deux reprises, des signaux en direction de Rabat : d'abord lors de l'intervention de son représentant permanent auprès de l'ONU, le 30 octobre, après le vote au Conseil de sécurité de la résolution 2703, prolongeant le mandat de la MINURSO une année supplémentaire, et ensuite dans les déclarations de l'ambassadeur Lecourtier sur Radio 2M. Après sa nomination, le 12 janvier, en tant que ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné s'est engagé sur cette voie. Il a manifesté son souhait d' «écrire un nouveau chapitre» dans les relations entre le Maroc et la France. Une volonté réaffirmée, mercredi, devant les députés français. Pour l'heure, Rabat accueille avec prudence ces messages envoyés de Paris. Les médias officiels au Maroc ont d'ailleurs boudé les visites effectuées au royaume, en décembre et janvier, respectivement par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, et l'ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée, Karim Amellal. La semaine dernière, Amellal, considéré comme proche du président Emmanuel Macron, s'est rendu en Tunisie où il a été reçu par le ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar.
Pour rappel, dans son discours du 20 août 2022, le roi Mohammed VI avait invité les partenaires du Maroc à reconnaitre la marocanité du Sahara. «Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit». Un message destiné principalement à la France. Contrairement à l'Espagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas, qui appuient le plan d'autonomie au Sahara occidental, le Maroc exige de la France d'aller plus loin et de suivre les traces des Etats-Unis en reconnaissant la marocanité de la province.