Le processus de réconciliation politique entre le Maroc et la France est en marche. En témoigne les annonces faites par l'ambassadeur français à Rabat sur la fin des limitations de délivrances des visas aux Marocains et la question du Sahara. Après la nomination du roi Mohammed VI, le 19 octobre de Samira Sitaïl, comme ambassadrice du Maroc à Paris, une nouvelle page dans les relations entre le Maroc et la France est en train de s'esquisser. En témoigne, l'interview accordée par l'ambassadeur français au royaume à un média officiel marocain, en l'occurrence Radio 2M. Christophe Lecourtier est revenu sur les principaux points de discorde ayant émaillé les relations entre les deux pays ces dernières années, avec une nouvelle approche et des messages qui devraient rassurer la partie marocaine. Donnant le ton, le diplomate a tiré à boulets rouges sur le traitement médiatique français du refus du royaume de la proposition d'aide formulée par son pays au lendemain du séisme d'Al Haouz du 9 septembre. «J'ai eu honte de ce que je voyais à la télévision française pendant ces heures tragiques. J'ai trouvé que c'est indigne de la relation entre la France et le Maroc, indigne de la presse française», a déploré Christophe Lecourtier. Ce traitement des médias de l'hexagone traduit «une absence de connaissance d'un pays comme le Maroc (…) Notre devoir est de montrer le Maroc comme il est, ce qu'il est devenu», a-t-il noté. Et de préciser que le royaume «a démontré qu'il a su faire face, seul ou presque, dans des conditions remarquables de solidarité mais aussi d'efficacité à une catastrophe dans une zone difficile d'accès avec des centaines de villages et douars qui étaient touchés» par le séisme. «Sur le Sahara, nous nous inscrivons dans la dynamique du royaume» Sur la question du Sahara occidental, l'ambassadeur a repris à son compte l'intervention du représentant permanent de la France auprès de l'ONU, le 30 octobre devant le Conseil de sécurité, suite à l'adoption de la résolution 2703. «Nous avons été un soutien historique mais maintenant il faut avancer. Nous nous inscrivons dans une dynamique qui est, bien sûr, celle du royaume. On sait ce que le Maroc a pu faire dans ces régions mais on va accompagner, par un dialogue constant qui s'est réanimé, les prochaines étapes pour que ce plan (d'autonomie, ndlr) puisse être le plus partagé possible à l'échelle internationale. Nous serons un allié fidèle, constant, créatif et dynamique de tout ce que le Maroc entreprend.» Et d'annoncer que le soutien de la France au Maroc sur la question du Sahara occidental «connaitra de nouveaux développements, puisque maintenant il faut avancer», sans aborder toutefois la possibilité d'une reconnaissance de la marocanité du Sahara. Visa : «Fin des limitations et des humiliations» L'interview de Christophe Lecourtier sur Radio 2M a permis au diplomate d'annoncer la levée de toutes les restrictions sur la délivrance de visas aux Marocains, en vigueur depuis septembre 2021. «Quel gâchis de notre part ! Le président de la république a reconnu il y a quelques semaines» que le durcissement de l'octroi de visas aux ressortissants du Maghreb «a profondément abîmé l'image et l'influence de la France», a regretté l'ambassadeur. «On ne gère pas une relation aussi intime entre le Maroc et la France avec des statistiques (…) Il faudra du temps pour effacer ce gâchis et ces humiliations». Et d'enchainer en annoncant qu' «il n'y a plus aucune limitation» en terme de délivrance de visas. «Toute personne qui présente les conditions requises obtiendra son visa». Pour mémoire, le président français avait défendu la politique de durcissement de l'octroi de visas aux ressortissants des pays du Maghreb. «Vous avez beaucoup entendu parler de cette crise qu'on a eue avec la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. On leur a dit si vous ne reprenez pas les gens à qui on demande de quitter le territoire, et bien, on va restreindre les visas», avait-il révélé dans une interview accordée, en octobre 2022, à un média français.