Née à Bruxelles de parents marocains, Soundous Moustarhim a toujours trouvé son échappatoire dans les livres et la lecture. Menant une brillante carrière dans la finance, elle n'a cependant jamais eu l'idée d'écrire un opus. Ce sera finalement l'écriture qui lui permettra de se réinventer, au point où elle y a pris goût, assez pour s'engager d'ores et déjà dans un second ouvrage. «Je t'aime d'amour jusqu'aux étoiles» est le titre du roman d'autofiction, que l'autrice Soundous Moustarhim a écrit en vingt jours, déterminée à coucher toutes ses émotions sur le papier, avec à la clé une déclaration d'amour maternel à sa fille. Depuis sa sortie en avril dernier, cet opus bouleversant connaît tellement un franc succès que la native de Bruxelles s'est vue proposer une adaptation au cinéma. Dans son livre, elle aborde des thèmes comme la monoparentalité, l'hypersensibilité et le HPI (haut potentiel intellectuel), mais aussi les interactions sociales, toxiques ou salvatrices, ainsi que la résilience. Ces thématiques sont en effet chères à l'autrice, qui s'est inspirée de faits réels et de son propre vécu pour brosser un récit fictionnel, où le large lectorat finit toujours par se retrouver, dans une situation ou dans une autre. L'écriture lui aura d'ailleurs permis de guérir d'épisodes douloureux, imagés dans cet opus comme étant des épreuves de la vie, les éléments d'un cheminement. «C'est un livre qui représente des sujets sociétaux et une relation toxique que j'ai vécue. C'est un roman autobiographique et ce n'est pas exactement ma vie, car je l'ai voulu comme une représentation métaphorique de ce qu'on traverse tous, avec cette idée d'être en harmonie avec cela, parce que la vie est belle, bien qu'elle ne soit pas toujours facile», souligne Soundous Moustarhim, qui veut que ce roman soit porteur d'espoir et de motivation. Ayant souffert de la maladie à un jeune âge de sa vie adulte, alors que sa fille a deux ans, elle a d'ailleurs tenu à la vie pour pouvoir rester là pour son enfant. «Etre parent change. Lorsqu'on n'est responsable que de nous-mêmes, on peut prendre des risques peu calculés. Mais lorsqu'on devient mère ou père, on ne fait plus ces choses-là car on se rend compte qu'il y a un enfant qui nous attend à la maison. J'ai vécu ma maladie de la même manière, puisque j'ai continuellement pensé à ma fille, qui m'aura ainsi sauvé la vie. Je ne pense pas que j'aurais fait tout cela, si je n'avais pas à l'esprit que ma fille m'attendait. Ce cordon ombilical nous a maintenues ensemble et cette rigueur dans les épreuves m'a amenée à changer, par sens de responsabilité envers ma fille.» Soundous Moustarhim Ecrire pour guérir à travers le cheminement de la vie Cet écrit est aussi une mise en lumière des toxicités sociales dont on ne se rend pas compte, mais qui peuvent s'opérer autant dans la sphère personnelle que professionnelle, en provoquant des dégâts susceptibles de constituer un bouleversement décisif dans la vie de chacun. Après une carrière réussie dans la finance, depuis ses années d'études, Soundous Moustarhim décide justement de changer de vie, à la suite d'une situation de harcèlement continu. Ph. TALIB Après un baccalauréat général en sciences, Soundous fait des études en comptabilité, puis en fiscalité et en économétrie. Parallèlement à ce cursus de sept ans, la jeune prodige met déjà un pied dans le monde professionnel. C'est d'ailleurs durant ces années-là qu'elle se rend compte qu'elle est HPI. Après des tests ayant confirmé son diagnostic, elle compte sur le soutien et la bienveillance de ses parents, qui acceptent de la mettre en cours du soir, où elle côtoie des étudiants parmi lesquels elle est la plus jeune. «En cours du soir, les étudiants sont surtout des cadres ou des fonctionnaires, des salariés en reconversion, avec lesquels j'ai pu suivre mon cursus sereinement, mieux que parmi les étudiants de mon âge, avec qui j'avais eu du mal à m'adapter», se rappelle Soundous. Durant ces années, elle travaille en parallèle pour l'entreprise familiale, mais aussi comme coach standardiste. Elle exerce ensuite comme aide comptable, un an avant son diplôme. Une fois diplômée, elle est rapidement nommée cheffe de service fiduciaire. «Je conseille d'ailleurs aux étudiants, s'ils sont sûrs de ce qu'ils veulent faire plus tard, de s'intégrer rapidement au monde professionnel sans attendre d'être diplômés. Cela leur permettra d'avoir un peu d'expérience dès leurs débuts dans leur univers de travail. Cela m'a poussée même à continuer mes études», nous a-t-elle affirmé. L'autrice travaille ensuite au service de comptabilité à l'hôpital Saint-Luc, puis elle devient analyste financière pour une institution. Sa carrière s'arrête alors brusquement. «Je n'avais eu aucune intention d'arrêter la finance, qui a occupé une partie importante de ma vie», nous dit-elle. Après avoir quitté l'écosystème professionnel où elle s'est toujours projetée, l'autrice recommence à lire beaucoup. Elle replonge dans les livres, encore une fois pour s'échapper et «libérer [son] cerveau». Dans ce contexte, son écriture est devenue un exutoire créatif. Ph. TALIB «J'ai eu la possibilité de le faire avec mon histoire et je comprends maintenant les processus d'écriture. J'ai toujours eu un profil scientifique et moins littéraire, mais je me suis retrouvée dans l'écriture en tant que processus qui permet de créer un récit d'émotions et de faits sociétaux.» Soundous Moustarhim Pourtant, même lors de l'écriture, la jeune belgo-marocaine n'a pas su ce que l'avenir lui prévoyait. Elle en est désormais plus sûre, puisqu'elle a pris goût à l'écriture au point de s'investir dans un deuxième roman. Voulu beaucoup plus fictif, il se différencie du premier, fait davantage d'une accumulation d'épreuves pour finir sur une situation non vécue. Dans ce prochain opus, Soundous Moustarhim se base sur des histoires autour d'elle, tout en faisant vivre à son personnage du premier ouvrage une nouvelle métaphore de la vie. Fortement inspirée par les écrits de Mélissa Da Costa, Marc Levy ou encore Catherine Pancol, Soundous Moustarhim s'exerce désormais à l'écriture intime, celle où «on a l'impression de passer la journée avec les auteurs, dans la narration des émotions».