Rachida Lamrabet est une romancière maroco-belge qui a récemment remporté le prix Ultima de littérature, un prix culturel de la communauté flamande. Sa passion pour la narration lui vient de ses vacances d'été au Maroc et des contes qui les émaillaient. Durant son enfance, Rachida Lamrabet était entourée de conteurs qui débordaient d'imagination. Les vacances d'été au Maroc étaient pour elle l'occasion de se plonger dans les histoires mystiques de sa tante sur les djinns et de se moquer de ses rencontres, à la fois drôles et spirituelles. Et c'est peu dire que Rachida, qui a immigré avec ses parents en Belgique dans les années 1970, était à l'écoute. Elle a écouté attentivement ces histoires et les a ramenées avec elle en Europe. Plus tard, elle est devenue écrivaine avec ses propres histoires à raconter. «Le cadeau de la vie a été pour moi d'être entouré de conteurs», déclare Rachida à Yabiladi, rappelant ses souvenirs d'enfance au Maroc. «Ces histoires ont eu beaucoup d'impact sur moi quand j'étais enfant», dit cet écrivain, se référant à toutes les anecdotes et contes qu'elle a entendus lorsqu'elle passait du temps avec des membres de sa famille dans le Rif. Petit rat de bibliothèque Rachida était également un petit rat de bibliothèque. «J'adorais lire», se souvient-elle. «Pour moi, en tant qu'enfant migrant, les livres étaient des outils magiques car ils m'ont aidée à découvrir des choses, à voyager et à lire dans les pensées des gens que je ne connaissais pas», explique-t-elle. Rachida a rapidement pris conscience de sa passion et est passée à l'action à l'âge de douze ans. «Je me souviens avoir écrit de petites histoires et les avoir racontées, à la manière de mon oncle et de mes grands-parents, à mes frères et sœurs à chaque fois qu'ils allaient se coucher», se souvient-elle. Rachida a même tenté d'écrire son premier livre entièrement seule lorsqu'elle était étudiante. «J'ai écrit un livre avec des histoires, une couverture, un début et une fin et j'ai même dessiné ma propre illustration», se souvient-elle. Cette passion, Rachida est contrainte de l'abandonner et de songer à un chemin plus réaliste. «Même si je voulais être écrivain, je me disais que c'était quelque chose qu'une fille de couleur ne pouvait pas faire», explique-t-elle. «J'ai dû me trouver une autre carrière. J'ai donc opté pour le droit.» Du droit et de la littérature Et il en fut ainsi : Rachida a étudié le droit et est devenue avocate. «J'ai complètement abandonné l'écriture car ce n'était pas réaliste pour moi. Je viens d'une famille de migrants et j'ai dû choisir un travail ''sérieux'' car j'étais convaincue que c'était la seule voie d'émancipation et de liberté», a-t-elle expliqué. Après avoir obtenu son diplôme, la Marocaine a travaillé comme avocate au barreau de Bruxelles puis au Centre pour l'égalité des chances et l'opposition au racisme, une agence gouvernementale belge. Mais en travaillant là-bas, Rachida décide de reprendre l'écriture. En 2007, elle publie son premier roman («Vrouwland») après une longue pause. «J'ai réalisé très vite que j'étais motivée par ce que les gens attendaient de moi. Je ne regrette pas d'avoir étudié le droit mais ma première passion sera toujours la littérature», explique l'écrivain néerlandophone. En effet, le premier roman de Rachida a remporté le «Debuutprijs flamand», un prix qui lui a ouvert la voie et l'a encouragée à produire d'autres livres. «Mes histoires sont inspirées de mon propre passé et des choses que j'ai vécues. Les personnages principaux ne sont pas moi, mais je sympathise avec eux et je comprends ce qu'ils vivent. Je regarde le monde avec mon propre point de vue», dit-elle encore. Le dernier roman de Rachida Lamrabet a remporté le prix Ultima de littérature, un prix culturel de la communauté flamande. Son livre, «Tell Someone», raconte l'histoire d'un soldat marocain qui a combattu aux côtés des Français pendant la Première Guerre mondiale. Le livre vise à honorer les Nord-Africains et les migrants qui ont aidé l'Europe pendant et après la guerre.