Plusieurs médias au Maroc et à l'étranger ont récemment annoncé que le géant minier chinois Huayou investirait 200 milliards de dirhams (MMDH) dans l'industrie des batteries pour voitures électriques, dans la région de Laâyoune-Es Sakia El Hamra. L'information s'est basée sur un communiqué du Centre régional d'investissement (CRI), mais qui a été ensuite retiré, précise une source de Yabiladi. Le Centre régional d'investissement (CRI) de Laâyoune-Es Sakia El Hamra a publié, mardi 8 août, un communiqué indiquant que Huayou allait investir 200 milliards de dirhams (MMDH) dans l'industrie des batteries électriques, au niveau de la région. Selon le document, une importante délégation du géant chinois de l'extraction minière a effectué une visite de terrain, en préparation de la réalisation d'un vaste projet, avec un investissement d'environ 200 milliards de dirhams sur une période de sept ans, soit d'ici 2030. La même source ajoute que ce chantier tant attendu dans les provinces du sud traduit des efforts étatiques, dans une démarche volontariste pour développer la production de voitures électriques et hisser le Maroc au rang de plateforme internationale de premier plan dans ce domaine. Le communiqué ajoute que ce projet couvrirait à 30% les besoins des marchés nationaux, européens et américains en termes de composants de batteries électriques, soit plus de 6 millions de voitures d'ici 2030. Une information rapidement reprise Le communiqué souligne, par ailleurs, que cet investissement contribuera à la création de plus de 13 000 emplois directs, avec le développement d'un système intégré de production de batteries dans la région. De nombreux médias nationaux se sont empressés de publier le contenu de la cette communication. Ainsi, Le360 a titré que le géant chinois avait annoncé «un énorme investissement dans la fabrication de batteries de voitures électriques dans la capitale du Sahara marocain». Le site Alyaoum24 a affirmé que Huayou avait «l'intention d'investir 200 milliards de dirhams». Pour sa part, Kifache a intitulé son article en axant sur le «rayonnement régional et continental dans la région de Laâyoune», grâce au projet de Huayou d'«investir 200 milliards de dirhams». Barlamane a par ailleurs mis en avant les implications politiques d'un tel investissement, en soutenant qu'il s'agissait d'«une étape qui porte la reconnaissance tacite par Pékin de la marocanité du Sahara et de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud». La nouvelle a été relayée également par des médias internationaux, notamment l'israélien i24news qui a titré sur l'investissement de «200 milliards de dirhams dans le Sahara pour la fabrication des composants de batteries électriques». La réalité du projet... Le montant de cet investissement étranger inédit soulève de nombreuses questions, d'autant que les projets géants de l'industrie automobile existants au Maroc n'ont jamais atteint une telle somme. En l'occurrence, les grands projets tels que l'usine Renault-Nissan de Tanger, inaugurée par le roi Mohammed VI en février 2012, est le fruit d'un investissement de 1,1 milliard d'euros. L'investissement pour l'usine Peugeot-Citroën, inaugurée par le souverain en juin 2019, s'élève à 557 millions d'euros. Comment un investissement record de 20 MM$ peut-il être annoncé par un simple communiqué du CRI ? Contactée ce jeudi 10 août par Yabiladi, une source au sein du CRI de Laâyoune-Es Sakia El Hamra a affirmé que la communication sur le grand investissement chinois «a été retirée» et que «les médias en ont été informés». La même source a admis que l'information initiale avait été publiée dans la précipitation, ajoutant qu'il s'agissait plutôt d'«une réunion préliminaire avec des responsables de la société chinoise, qui ont visité plusieurs zones de la région, afin de s'enquérir des opportunités d'investissement». Notre interlocuteur a par ailleurs exprimé son souhait que «ce qui a été discuté avec les responsables de l'entreprise chinoise se traduise dans la réalité, prochainement». Mais aucune précision sur le montant d'un possible investissement n'a été formulée dans ce qui s'apparente à un brusque rétropédalage. S'il n'y a pas de confirmation de Gigafactory dans la région de Laâyoune, d'autres usines ont été annoncées au Maroc. La société chinoise Jiujiang Tinci Materials Technology, spécialisée dans la fabrication de batteries au lithium pour les véhicules électriques, a annoncé en juin dernier la construction d'une usine du Maroc, pour un investissement de près de 280 millions de dollars américains (environ 2,8 milliards de dirhams). En avril dernier, le ministère de l'Investissement, de la convergence et de l'évaluation des politiques publiques a signé un protocole d'accord avec le groupe chinois BTR New Material, producteur de composants pour les batteries de voitures électriques, pour investir 13 milliards de dirhams (1,2 milliard de dollars) dans une unité production dans le royaume.