Dribblant ses canaux officiels, c'est à travers une déclaration anonyme attribuée à «un porte-parole de la BBC» que la chaîne d'information britannique a fait une sorte de mea culpa à demi mot auprès de CNN, concernant une question adressée à la sélection du Maroc au Mondial féminin de football, tenu en ce moment en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle a été posée par un journaliste de la BBC, en conférence de presse de l'avant-match qui a opposé les Lionnes de l'Atlas à l'Allemagne, lundi 24 juillet à Melbourne. Sans décliner son nom en conférence, le correspondant a demandé à la capitaine de l'équipe, Ghizlane Chebbak, si certaines de ses coéquipières se revendiquaient homosexuelles. La modératrice a interpellé le journaliste sur le fait que sa question revêtait un caractère politique aucunement lié au contexte du match. Arguant que la capitaine devrait répondre, il a été interrompu par les protestations de confrères marocains présents, qui ont insisté que la question était déplacée. Celle-ci a finalement été rejetée par la modératrice. Ne prenant de distance ni avec le caractère misogyne, ni avec la dimension raciste que l'attitude du journaliste revêt, les excuses en demi-teinte sont intervenues après que la polémique a trouvé son écho sur les réseaux sociaux, où les indignations se sont succédées. Ex-journaliste à la BBC et anciennement à la task force contre le racisme au sein de la Fédération internationale de football association (FIFA), Osasu Obaiyuwana s'est interrogé sur l'intérêt de cette question d'ordre personnel, d'autant qu'il est su qu'officiellement, le Code pénal au Maroc interdit les relations hors-mariage, y compris celles entre les personnes du même sexe. C'est d'ailleurs ce que le correspondant a paradoxalement souligné en introduction. «Si le journaliste a eu le courage de demander, peut-il se montrer et se manifester nominativement, en disant qu'il est bien l'auteur de cette question ?», a fustigé Obaiyuwana. Is the journalist that asked the #Mar team at the #FIFAWWC presser whether there are gay players in the team ready to say who they are? If the journalist had the courage to ask the question in public, the person should have the courage to name themselves as well. Or the person… — Osasu Obayiuwana (@osasuo) July 23, 2023 Dans une déclaration laconique à CNN, «un porte-parole de la BBC» a reconnu que «la question était inappropriée», ajoutant que le média britannique n'avait «aucune intention de causer du tort». Reprise par le média américain, la journaliste de CBC Sports, Shireen Ahmed, a qualifié de «bizarre, hors de propos» et «non éthique» cette scène à laquelle elle a assisté. Elle s'est interrogée par ailleurs sur l'objectif recherché, vu que le correspondant a bien connaissance de la pénalisation de l'homosexualité au Maroc. Durant ce Mondial, la FIFA autorise les capitaines des équipes participantes à porter un brassard symbolisant une parmi huit causes sociales différentes, dont l'égalité, l'inclusion et la paix.