En pleine visite officielle du président Tebboune à Pékin, la présidence algérienne jette un pavé dans la marre des relations internationales en attribuant à la Chine un soutien à «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Qu'en est-il réellement ? Le président algérien effectue, de lundi jusqu'à jeudi, une visite officielle en Chine. Le mardi 18 juillet a été marqué par une réunion entre Abdelmadjid Tebboune et son homologue chinois, Xi Jinping, ainsi que la signature de 19 accords de coopération. La journée a été conclue par la publication de deux déclarations conjointes. Alger a tenu à inscrire la question du Sahara occidental dans le communiqué diffusé par la présidence algérienne. «Concernant la question du Sahara occidental, les deux parties ont affirmé leur soutien aux efforts visant à parvenir à une solution permanente et juste dans le cadre de la légitimité internationale, en particulier les résolutions pertinentes des Nations unies, d'une manière qui garantisse l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux principes et objectifs de la Charte des Nations unies», lit-on dans le document. En revanche, la version chinoise de la déclaration conjointe a fait l'impasse sur ce sujet. Traditionnellement, la Chine observe une neutralité sur ce dossier, motivée par des considérations économiques et politiques. Pékin soutient une solution politique acceptée par toutes les parties. La Chine a d'ailleurs voté en faveur des dernières résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara adoptées en 2019, 2020, 2021 et 2022. Pékin n'a pas changé de position ni de vocabulaire Une position que la Chine tient à exprimer dans sa communication officielle, notamment lors de ses réunions avec des responsables algériens. Ainsi, au terme d'une visite effectuée, en mars 2022 à Pékin, par l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, les deux parties avaient réaffirmé leur soutien aux efforts de l'ONU visant à parvenir à «un règlement définitif et juste de la question du Sahara occidental, dans le cadre de la légalité internationale, notamment les résolutions y afférentes des Nations unies». Une position réitérée par Pékin lors de l'adoption par le Conseil de sécurité en octobre 2023 de la résolution 2654. «La Chine apprécie la présente prorogation du mandat de la MINURSO, tout en souhaitant que les prochaines prolongations tiennent compte de la situation sur le terrain et des positions de toutes les parties, de manière à parvenir à un souhaitable consensus», avait indiqué une diplomate chinoise lors de la séance ayant suivie le vote du texte. Pour rappel, le royaume appuie les revendications territoriales de la Chine sur l'île de Taïwan. «Le Maroc continue d'apporter son soutien à la République Populaire de Chine sur cette question et renouvelle ses positions maintes fois exprimées, à différents niveaux, tant sur le plan bilatéral qu'au sein des Organisations Internationales», avait déclaré l'ambassadeur marocain en Chine, Aziz Mekouar, en août 2022. En échange de ce soutien, Pékin continue d'ignorer les appels de l'Algérie et de l'Afrique du Sud pour convier le Polisario aux sommets Union africaine-Chine. Le gouvernement chinois précise qu'il n'invite que les Etats avec lesquels il entretient des relations diplomatiques. Le princie d'autodétermination des peuples à géométrie variable Les différentes visites officielles du président algérien en Europe, en Russie et aujourd'hui en Chine n'ont pas eu d'effet sur la dynamique en faveur du Maroc sur le dossier du Sahara. Alors qu'Israël vient de reconnaître la marocanité du Sahara occidental, Abdemadjid Tebboune a tenté de faire illusion avec cette version du communiqué mettant en avant «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Par contre l'Algérie a démontré à nouveau ses atermoiement quand au principe de défense de l'autodétermination des peuples dont elle s'est fait l'avocate depuis son indépendance. En exprimant «son soutien sans équivoque à la position juste de la Chine sur des questions telles que Taïwan, le Xinjiang et les droits de l'homme», Alger perd toute cohérence sur le dossier du Sahara occidental, et ce, sans faire changer d'un iota la position chinoise.