Aujourd'hui, afin de sortir, je ne dirai pas d'une crise, mais d'une situation économique et financière assez difficile, tous les gouvernements du monde sont divisés en deux catégories, ceux qui prônent pour une politique néo-classique basée sur l'austérité et d'autres pour une politique keynésienne qui relance l'économie par la croissance. Sauf pour le Maroc qui ne s'est pas contenté du statut qu'on lui a donné il y a à peu près d'un an, celui de l'exception maghrébine. Maintenant, notre cher pays a dépassé les frontières du Maghreb et s'offre le statut de l'exception mondiale. Pourquoi ? Et bien pour la simple raison que j'ai beau lire ce projet de loi de finance de l'année 2013 4, 5, 6… 100 fois, je n'ai pas su où placer ce dernier. Serati ce le coté révolutionnaire de Nizar Baraka qui a surgi en refusant de se soumettre aux choix économiques que nous offre d'autres expériences ? Ou bien tout simplement une absence de vision économique de la part du gouvernement ? Après le 20 février 2011, on nous avait dit que le Maroc allait entrer dans une nouvelle phase de transition démocratique et de changement grâce à sa nouvelle constitution et son nouveau gouvernement. Les attentes du citoyen marocain étaient grandioses, mais le résultat était médiocre. Certains me diront que Benkirane vient à peine d'arriver, qu'il a besoin de temps pour travailler…. Je tiens juste à leur rappeler que nous sommes le 25 Novembre 2012, un an jour pour jour après les dernières élections, et que le gouvernement nous a présenté son absence de vision économique sur le projet de loi de finance 2013. Ces mêmes personnes me diront qu'il lui reste encore 4 ans devant lui, 4 projets de loi de finance … Je tiens juste à leur rappeler encore une fois que les expériences gouvernementales passées m'ont appris une chose : «Pour ce qui est des réformes principales, soit le gouvernement les fait au début soit il ne les fait pas.» Pour sortir de le forme et analyser le fond de cette loi de finance, je ne parlerai pas des taux utopiques et imaginaires de croissance (4,5 %, contre 3% en 2012), de déficit budgétaire (4,8% contre 6,1% en 2012), mais je me focaliserai plutôt sur le côté fiscal de cette dernière. Le Maroc multiplie les initiatives pour faire face à un besoin de financement qui s'est dramatiquement aggravé cette année afin de soutenir le budget public qui a connu la plus importante envolée des dépenses jamais réalisée. Et nul n'a besoin d'un diplôme pour savoir que le Maroc est un pays pauvre qui n'a pas de richesse naturelle, et pour s'alimenter d'argent, il peut bien sûr faire des choix catastrophiques qui nous pousserons droit dans le mur ( la cession de parts dans la Banque Populaire, dont il détenait 16% pour n'en garder plus que 6%, ou bien d'endetter à 300 millions USD de la Banque Mondiale et 127 millions USD du Fond Monétaire Arabe, s'approchant ainsi d'un ratio Dette/PIB de 70% en 2013), ou opter pour l'autre carte qui est la seule qui pourra sauver la finance publique ; la fiscalité. Afin de positiver les choses et dire les choses comme elles le sont. En analysant le côté fiscal de la loi de finance 2013 et plus précisément les mesures liées à l'IR, je ne peux qu'applaudir l'initiative de la hausse de 3% de l'IR sur les salaires qui dépassent 25.000 dh et de 5% sur les salaires de plus de 50.000 dh, qui reste une mesure plus ou moins courageuse qui montre que le gouvernement actuel reconnait que le gouvernement passé avait commis une énorme erreur en baissant l'IR des hauts salaires et aussi l'IS des grandes entreprises, une mesure qui a fait perdre au PIB marocain 16 milliards de dh. Mais voyant les choses telles qu'elles sont, je reste un peu perplexe à ce sujet pour la simple raison que cette mesure n'est que provisoire et ne durera que durant les 3 prochaines années, donnant ainsi l'impression que ce n'est que temporaire, et si le gouvernement voulait vraiment faire une réforme fiscale, il aurait dû mettre le doigt sur le véritable problème de la fiscalité marocaine en modifiant le barème de l'imposition de l'IR. D'autant plus que cette mesure du gouvernement ne rapportera à l'Etat que 2 milliards de dh. Ceci dit, il est difficile de croire en la bonne volonté d'un gouvernement qui continue de fermer les yeux sur l'exonération fiscale de l'immobilier et l'agriculture qui enregistre un manque à gagner annuel de 36 milliards de dh (incomparable avec les 2 milliards de dh que nous rapportera la réforme de l'IR). De fermer les yeux sur l'injustice de la TVA : Deux citoyens X (revenu de 2.500 par mois) et Y (revenu de 50.000Dh par mois) payent la même taxe sur la consommation. De fermer les yeux aussi sur l'impôt sur les grandes fortunes qui consiste à chercher de l'argent chez ceux qui en ont beaucoup. C'est par ces mesures là que nous pourrons sauver la situation financière du pays, cela dépend seulement d'une volonté politique. Est-ce que les politiciens sont en mesure d'affronter les richards du pays ou pas ? Jusqu'à ce moment là, les gouvernements ne feront que des politiques de bricoles, car on ne peut parler de justice sociale sans équité fiscale. Il est grand temps de penser au changement au lieu de changer de pansement !! Visiter le site de l'auteur: http://hichambelkouch.wordpress.com/