La semaine n'a pas dû être de tout repos du côté du ministre de l'Economie et des finances. Mohamed Benchaâboun a essuyé une salve de critiques lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, qui a duré toute la journée du mercredi dernier. Le texte a été âprement critiqué par les parties de l'opposition qui estiment que ce budget manque d'audace et de mesures de nature à relever les défis en matière d'investissements productifs, de création d'emploi et de lutte contre la pauvreté. Pour l'opposition, le PLF 2019 reste prisonnier d'une logique où les équilibres financiers priment sur la relance de l'économie nationale et des secteurs sociaux. Le ministre ne voit pas les choses du même œil. «Sans le rétablissement des équilibres financiers, le Maroc aurait perdu sa souveraineté de la décision économique et budgétaire», a-t-il dit. Par ailleurs, Benchaâboun a réaffirmé que le gouvernement dispose d'une vision commune et de choix socio-économiques clairs qui ont été traduits dans ce projet de budget. Ces choix, dit-il, visent à atteindre un niveau plus élevé de croissance en rétablissant la confiance entre les différentes entités politiques, économiques et sociales. Sur le plan économique, les délais de paiements seront raccourcis au moment où les mécanismes de garanties seront simplifiés et élargies, a rappelé le ministre. Quant aux défis sociaux, Benchaâboun a taclé les précédents gouvernements, pointant du doigt le cumul des déficits enregistrés dans les secteurs sociaux. Pour autant, le ministre a défendu les mesures prévues par le PLF en faveur de ces secteurs. «Pour ne pas impacter le pouvoir d'achat des citoyens, nous n'avons pas proposé de mesure qui ciblerait l'IR sur les salaires», a-t-il souligné. Le ministre a également mis en avant la mobilisation de 5 milliards supplémentaires en faveur de la compensation. Pour 2019, les subventions du sucre et du gaz devront absorber pas moins de 18 milliards de DH. De même, les 5 milliards de DH qui seront mobilisés à travers la privatisation de certaines entreprises publiques seront exclusivement affectés à des secteurs sociaux. A cela s'ajoutent les montants qui seront dégagés de la contribution sociale de solidarité. Proposé dans le PLF 2019, ce mécanisme de solidarité engage les entreprises à verser 2% de leur bénéfice si celui-ci est égal ou supérieur à 40 millions de DH. Mais aux yeux des groupes de l'opposition, ces mesures restent insuffisantes face aux attentes de la population. Contrairement à eux, les députés de la majorité ont salué les dispositions d'ordre social proposées dans ce projet de budget. Toutefois, Aicha Lablaq, présidente du groupement du PPS, a appelé le gouvernement à adopter une nouvelle approche qui traite les problématiques dans leur profondeur. Elle plaide pour une approche réformiste et audacieuse à même de garantir l'efficacité économique et la justice sociale. Pour les députés du PPS, les mécanismes du marché ne suffisent pas, à eux seuls, à préserver les équilibres sociaux. Selon Aicha Lablaq, les équilibres macro-économiques ne doivent pas prendre le pas sur les équilibres sociaux. Pour étayer ses propos, elle a rappelé les limites du modèle de développement, qui n'a pas permis au Maroc d'atteindre des niveaux de croissances élevés et durables. La députée a profité du passage du ministre pour formuler quelques propositions de nature à renforcer la justice sociale le tissu économique. Pour elle, ces deux priorités induisent automatiquement l'élargissement de l'assiette fiscale et l'atténuation de la pression fiscale. La réforme de la politique d'exonérations et d'incitations fiscales et fortement attendue. Pour Aicha Lablaq, il est temps d'évaluer plus de 4.000 mesures adoptées dans le cadre de cette politique, surtout qu'elles ont coûté pas moins de 35 milliards de DH. Les propositions des députés sur le plan fiscal ne tomberont pas aux oubliettes. Le ministre a promis de les examiner lors des assises de la fiscalité qui seront organisées début 2019.