Producteur, réalisateur, animateur et enseignant à l'ULB, Sofiane Hamzaoui maîtrise tous les métiers de l'audiovisuel, ce qui a fait de lui une figure talentueuse de la RTBF, en Belgique. Il y présente son émission Nomade, qui porte bien le nom d'un concept développé par lui-même et correspondant à son état d'esprit, qui ne connaît par de frontières entre les différentes compétences. Au temps de ses études en communication à Bruxelles, Sofiane Hamzaoui n'a pas encore songé à faire de la télévision. Natif d'Oujda, où il a grandi jusqu'à obtenir son baccalauréat, il s'est installé en Belgique initialement pour continuer ses études. Dans cet univers nouveau, il a toujours été fasciné par le fait de «créer des liens humains en comprenant l'autre, en passant par le langage verbal et non-verbal, la psychologie, la sociologie», ainsi que la convergence de l'ensemble de ces domaines pour créer des ponts entre les uns et les autres. «Cependant, je n'avais pas encore une idée sur ce que je pouvais en faire», se rappelle-t-il. En master, il a instinctivement opté pour le journalisme et la réalisation. C'est alors qu'il a eu pratiquement la révélation ayant tracé la suite de son parcours. «Dans le cadre d'un examen où il a fallu faire la critique journalistique d'un film documentaire, je me suis dit que si j'en faisais un, il serait peut-être meilleur. En sortant de la salle après avoir rendu ma copie, une petite voix n'a cessé de me dire de franchir le pas en proposant à mon professeur de me donner des conseils et des remarques. C'est ce que j'ai fait, en me portant volontaire pour un reportage lors d'un festival», confie Sofiane Hamzaoui à Yabiladi. Muni d'une caméra et d'un micro, il réalise son projet et le monte lui-même. «J'ai montré le travail final à mon professeur et quelques jours plus tard seulement, il m'a directement proposé un stage à la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF)», se rappelle-t-il avec fierté. «Celui qui sait tout faire» à la RTBF Ayant été plus porté sur la télévision américaine, le producteur en herbe ne connaît pas la chaîne publique belge. Mais en s'y rendant, il découvre que son professeur en est le porte-parole. «C'était déjà une leçon d'humilité pour moi car en cours, il ne le disait à aucun moment à ses étudiants. De là, je me suis trouvé dans un environnement où je savais tourner, monter, filmer et à l'époque. Être journaliste-reporter d'images (JRI) était encore quelque chose de très nouveau», se souvient Sofiane Hamzaoui. Grâce à sa capacité d'apprendre vite et de proposer des contenus créatifs, il est affectueusement surnommé par ses nouveaux collègues «celui qui sait tout faire». Ceci lui a permis d'évoluer encore plus rapidement, étant plus souvent sollicité pour les tournages et les montages pour la RTBF, avant le développement de la plateforme de vidéo sur demande Auvio. L'aventure initialement commencée sous forme d'un stage de trois mois a continué depuis. En onze ans de service et en gravissant les échelons, Sofiane Hamzaoui est devenu une figure de la télévision publique belge. Cette évolution, Sofiane la doit notamment à ses professeurs, qui «ont eu la bienveillance de laisser leurs étudiants évoluer par eux-mêmes». «Ils nous transmettaient les notions et les principes, tout en nous laissant la liberté de développer nos connaissances en faisant un travail d'autodidacte, puis en discuter. J'avais aussi des professeurs de qualité, qui occupaient des postes clés et avaient de l'expertise, donc ils nous inculquaient des choses concrètes. J'étais un étudiant curieux et j'étais extrêmement intéressé par ce que j'apprenais», se souvient-il. Enfant déjà, Sofiane Hamzaoui se passionne pour l'univers de l'audiovisuel, sans pour autant rêver d'en faire partie. «Il y avait toujours une caméra ou un appareil photo à la maison. J'étais typiquement un enfant de la télévision aussi. Nous avions la parabole et j'aimais voir des dessins animés, voyager à travers les chaînes vers des pays que l'on ne connaît pas, écouter de nouvelles langues, découvrir des émissions, des documentaires et des films», se rappelle-t-il. Axé sur les chaînes francophones et anglophones, il est fasciné par l'animateur français Antoine de Caune et le journaliste documentarise britannique Louis Theroux. Il découvre aussi l'émission «Nul part ailleurs» sur Canal+, ou encore les magazines de voyage et de découverte sur la BBC. Sofiane Hamzaoui avec le groupe Behemoth Passionné de musique et grand fan de Michael Jackson, Sofiane Hamzaoui développe aussi sa culture musicale à travers les concerts et les vidéoclips, très en vogue sur le petit écran durant les années 1990. Il se passionne de plus en plus pour le rock et le grunge également, en découvrant sur la Radio-télévision marocaine (RTM) et sur 2M, puis plus tars du MTV, les clips de Soundgarden, de Metallica, des Scorpions ou encore de Rage Against The Machine. Il en garde des souvenirs également sur la radio nationale, notamment à travers les programmes d'Alifi Hafid. Absorbé par ces mélodies distordues, il apprend la guitare et se passionne aussi pour le chant, puis il cultive sa passion pour le metal. «Aujourd'hui, je me dis que c'est fou de pouvoir mélanger mes deux passions que sont la vidéo et la musique pour en faire un métier», nous confie-t-il. Nomade, une émission et une formation Au fil de cette évolution organique, entre Oujda et Bruxelles, Sofiane Hamzaoui se rappelle avoir souhaité «faire tout cela à la fois» : la télévision, la vidéo, la musique, la production. «Si l'on arrive à le faire aujourd'hui sur Internet, pourquoi pas à la télévision ?», s'est-il demandé. C'est à partir de là que le concept de son émission Nomade a muri, après de précédentes expériences dans l'animation de programmes pour enfants, ainsi que des contenus musicaux. «Ma toute première grande production, en tant que jeune producteur, a été pour les 50 de l'immigration marocaine. Mon rôle a été de créer des capsules vidéo sur l'Histoire de l'immigration depuis le Maroc et la Turquie en Belgique, avec l'idée de faire un contenu auquel tout le monde pourrait s'identifier. L'œuvre a connu un franc succès sur la RTBF.» Sofiane Hamzaoui L'émission Nomade est née dans ce contexte, avec l'idée de mettre en lumière de jeunes artistes encore peu médiatisés en Belgique, dans un format mazagine combinant sujets sur des activités positives, interviews, immersion dans le monde des invités et musique. En plus de La Une (RTBF), l'émission est désormais diffusée également sur TV5MONDEplus. Dans un format différent, Nomade World a vu le jour, avec le même concept mais ouvert à l'internationale. Par ailleurs, Sofiane Hamzaoui produit des concerts de rock et de metal pour Arte Concert, en plus de diverses prestations pour des évènements similaires, notamment dans le cadre du festival Hellfest. Il compose aussi la musique de sa propre émission et d'autres programmes. Capitalisant sur son riche parcours, Sofiane a opté pour le partage et la transmission. C'est ainsi que parallèlement à la télévision et à la musique, il a proposé un cursus, issu de son concept d'émission et intitulé «D.Nomade». «J'avais eu la folie de commencer par tout faire tout seul, avant de pouvoir avoir des équipes de collaborateurs. Aujourd'hui, avec la nouvelle génération, je me suis dit qu'il y avait moyen de faire encore mieux», a-t-il commenté. L'Université libre de Bruxelles le contacte et retient la proposition, voulue par son auteur comme l'idée d'un cour à travers une approche de «learning by doing», ouvert à tous les étudiants ULB et pas uniquement à ceux de journalisme et communication. Ce cursus permet d'acquérir les notions d'audiovisuel de manière pratique et théorique à la fois, sous forme d'immersion dans la prise de son, la rédaction, la création de sujets, les interviews et l'animation. «Une fois que les projets validés son élaborés, à travers les différentes phases de production, ils passent dans le cadre de mon émission, ce qui fait la grande joie des jeunes qui intègrent tôt l'idée que rien n'est impossible. Ils gagnent en confiance et savent qu'ils peuvent faire et provoquer de bonnes rencontres, qui leur permettront d'évoluer dans le bon sens», souligne Sofiane Hamzaoui.