Alors que l'industrie automobile connaît actuellement une transition technologique fondamentale, passant des véhicules basés sur des moteurs à combustion interne (ICE) aux véhicules électriques à batterie (EV), le Maroc reste mieux placé pour profiter de ce passage par rapport à son principal concurrent sur le continent, l'Afrique du Sud, selon un récent Policy Brief de Copenhagen Business School (CBS). En Afrique, seuls deux pays ont réussi à s'intégrer avec succès dans la chaîne de valeur mondiale de l'automobile : Le Maroc et l'Afrique du Sud. Dans un policy brief, publié par Copenhagen Business School (CBS) il y a quelques jours, le chercheur danois Tobias Wuttke s'est intéressé à ce sujet et notamment l'évolution de la chaîne de valeur du secteur automobile, avec l'avènement des véhicules électriques. Dans son article, il rappelle que tous les autres pays africains n'ont pas de production automobile du tout ou font de l'assemblage local sur la base de kits de véhicules importés démontés. Selon l'Organisation internationale des constructeurs d'automobiles, le Maroc a produit 465 000 véhicules de tourisme et utilitaires légers en 2022, tandis que la production de l'Afrique du Sud était légèrement supérieure, avec 556 000 véhicules, rappelle-t-il. Les deux pays exportent aussi une grande partie de leur production totale de véhicules principalement vers l'Europe : 59,7 % en Afrique du Sud en 2021 et environ 80 % au Maroc. Une course entre le Maroc et l'Afrique du Sud La même source rappelle que les grands modèles produits au Maroc sont la Peugeot 208 et la Dacia Sandero de Renault, tandis que les grands modèles en Afrique du Sud sont au nombre de cinq : la VW Polo, la Ford Ranger, la Toyota Hilux, la Mercedes Classe C et la BMW X3. Cependant, le Maroc a vu la localisation des activités de R&D de Stellantis et de Renault alors qu'il n'y a pas du tout de R&D automobile en Afrique du Sud. Le chercheur note aussi que les deux pays ont adopté des «approches différentes pour attirer l'IDE dans le secteur automobile». «Alors que l'Afrique du Sud a offert de généreuses incitations à l'investissement et à l'importation de composants, le Maroc s'est davantage concentré sur la facilité de faire des affaires dans les zones d'IDE et a beaucoup investi dans des infrastructures de qualité, telles que le port de Tanger», fait-il remarquer. Pour lui, «l'attraction de Renault en tant qu' ''Anchor investor'' (investisseur d'ancrage) a été poursuivie avec beaucoup de dévouement et l'investissement plus récent de Stellantis en 2019 a contribué à inciter Renault à renouveler ses investissements». «D'ailleurs, en novembre 2022, Stellantis a annoncé qu'elle investirait dans le doublement de sa capacité de production au Maroc pour atteindre 400 000 véhicules par an. Bien entendu, le Maroc se trouve dans une position géographique plus favorable que l'Afrique du Sud pour attirer les IDE des grandes entreprises, en raison de sa proximité avec le grand marché européen.» Extrait du Policy Brief Le Maroc a un stade plus avancé pour les véhicules électriques Alors que l'industrie automobile connaît actuellement une transition technologique fondamentale, passant des véhicules basés sur des moteurs à combustion interne (ICE) aux véhicules électriques à batterie (EV), plusieurs pays africains aspirent à saisir cette occasion, puisque l'industrie automobile a toujours été un moteur important du développement économique dans différents pays. Cependant, le chercheur considère que «tant qu'il n'y aura pas de demande significative de véhicules électriques sur les marchés africains ou que l'exportation de véhicules électriques vers les principaux marchés à partir des pays africains deviendra compétitive en termes de coûts, il n'y aura pas d'investissement dans la production locale de véhicules». «Les usines de fabrication de batteries ont des besoins d'économies d'échelle similaires à ceux des usines de fabrication de moteurs et de transmissions pour les véhicules à moteur à combustion interne, avec une production d'environ 200 000 unités par an», tient-il à rappeler. Il note aussi que dans le cas de l'Afrique du Sud, les volumes actuels de production de véhicules n'ont convaincu qu'un seul des sept assembleurs opérant dans le pays de localiser une importante usine de production de moteurs. «Les volumes de production et les économies d'échelle resteront essentiels pour parvenir à la localisation, même avec le passage aux véhicules électriques», estime-t-il. Pour lui, «le pays d'Afrique qui semble actuellement à un stade avancé est le Maroc». «Alors qu'il n'y a actuellement aucune production de véhicules électriques en Afrique du Sud, 50 000 véhicules produits annuellement au Maroc sont des véhicules électriques. Le ministère du commerce et de l'industrie prend des mesures actives pour attirer les IDE des constructeurs automobiles dans la production de véhicules électriques au Maroc et a annoncé que le début de la construction d'une gigafactory de batteries était imminent», explique-t-on. Et de rappeler que le royaume a abaissé les droits d'importation sur les cellules lithium-ion afin de promouvoir l'assemblage local des batteries. Cependant, les véhicules électriques fabriqués actuellement au Maroc restent «des modèles quadricycles comme la Citroën Ami et l'Opel Rocks-e, et non des VE à part entière». «Reste à voir si le pays réussira à attirer une production locale significative de VE et de batteries», conclut-on.