Au dix-septième jour du mois de ramadan de la deuxième année de l'Hégire, les musulmans ont affronté la première bataille de leur Histoire contre la tribu des Quraysh, bien supérieure en nombre et en dispositif guerrier. Baptisé la Bataille de Badr, ce premier grand combat s'est terminé avec la victoire des musulmans, annoncant une série de victoires successives. L'histoire de la grande Bataille de Badr a commencé avec des nouvelles parvenues au prophète Mohammed, à propos d'un grand convoi commercial des Quraysh, conduit par Abu Sufyan ibn Harb depuis le Levant, chargé de nombreuses marchandises et entouré de près de 40 gardes. Le messager décide d'intercepter cette grande caravane, en riposte aux Quraysh qui ont confisqué l'argent des musulmans à La Mecque. Dans ses écrits, le philosophe et théologien musulman andalou Ali bin Hazm a décrit ce convoi comme «une grande caravane commerciale», transportant beaucoup d'argent pour les Quraysh» et gardée par un groupe de «trente à quarante hommes». Abu Sufyan ibn Harb, qui la conduit, est informé du départ des musulmans pour l'intercepter. Il écrit alors aux dirigeants des Quraysh, qui ont vu en cette manœuvre une opportunité d'éliminer les musulmans, pour enfin imposer leur prestige à toutes les autres tribus arabes de la région. Les tribus de La Mecque affrontent Abu Sufyan les premiers Le livre «La biographie du prophète, leçons et enseignements», de son auteur syrien Mustafa al-Siba'i, mentionne que «le peuple de La Mecque a pris connaissance du message porté par l'envoyé d'Abu Sufyan ibn Harb et se sont rapidement équipés pour l'affronter, avec près de mille combattants, dont six cents portaient des boucliers». «Ils avaient aussi avec eux sept cents mules et cent chevaux, en plus de personnes rencontrées chantant à la gloire des musulmans», écrit l'auteur. Près de 314 hommes des tribus musulmanes de La Mecque sont ainsi sortis pour intercepter le convoi. Ce dernier a donc changé de cap et s'est éloigné de l'armée musulmane. Le livre «Le nectar cacheté» de Safiyyu Ar-Rahmân Al-Mubârakfûri indique que le prophète a été informé de ce changement de direction, ainsi que de la marche continue de l'armée des Quraysh, bien que la caravane commerciale n'ait finalement pas été touchée. «Il a vu que le retour renforçait la position militaire des Quraysh dans le région et affaiblit les musulmans», et que «rien n'empêchait les polythéistes de poursuivre leur marche vers Médine pour envahir les musulmans», écrit l'auteur. Le prophète convoque un conseil militaire en urgence Face à cette situation et à l'avancement de l'armée des Quraysh, annonçant des intentions non pacifiques, le prophète s'empresse de convoquer un conseil militaire d'urgence avec ses compagnons. Il leur explique la gravité de la situation, soulignant qu'ils sont «sur le point de mener une action à laquelle il ne sont pas entièrement préparés». «Ils sont sortis pour une affaire simple, mais ils ont été mis dans une situation difficile», selon Mohammed al-Ghazali, dans son livre «Fiqh de la sîrah». En l'état, les musulmans ont décidé d'affronter les Quraysh, bien que ces derniers les dépassent largement en nombre. L'armée musulmane a atteint les puits de Badr, à 155 kilomètres de Médine et à 310 kilomètres de La Mecque, pour contrôler les sources d'eau. A son tour, l'armée des Quraysh atteint la zone. Au dix-septième jour du mois de ramadan de la deuxième année de l'Hégire, les deux armées se sont rencontrées et la bataille s'est terminée par la mort d'environ soixante-dix personnes parmi les Quraysh, y compris des dirigeants éminents, à commencer par Abu Jahl Amr ibn Hisham, Umayyah ibn Khalaf et Utbah ibn Rabi'ah. Les musulmans en capturent environ soixante-dix autres, dont certains ont été libéré en échange de rançons. D'autres ont retrouvé la liberté en échange d'apprendre aux musulmans à lire et à écrire. Une amnistie a par ailleurs été prononcée pour d'autres pauvres prisonniers qui n'avaient rien pour se racheter. Après la bataille, les musulmans se sont imposés comme une force dans la péninsule arabique, tandis que les Quraysh ont perdu leur lustre. A ce titre, le livre «Ahl al-Ṣuffah fī Ṣadr al-Islām wa-al-dawlah al-Umawīyah» d'Abd al-'Azīz Khalīl al-Fayyāḍ souligne que «la bataille de Badr est l'une des plus grandes dans l'Histoire de l'islam», d'autant que «c'est la première dans laquelle les musulmans, sous la direction du prophète, ont affrontés les infidèles dans un véritable duel décisif, pour distinguer la vérité du mensonge». Article modifié le 05/04/2023 à 19h13