En dépit des déclarations officielles démentant que le Maroc joue le rôle le gendarme de l'Europe, force est de constater l'intensification des poursuites, rafles, arrestations et déportations des Subsahariens. Un durcissement qui met un terme à une politique de tolérance observée auparavant. Une semaine après la sinistre Une de MarocHebdo stigmatisant les immigrés subsahariens, des ONG des droits de l'Homme montent au créneau. Réunis jeudi à Rabat, sept associations dénoncent dans une déclaration «la vague de répression et de refoulements qui a pris ces dernières semaines une ampleur croissante, touchant femmes, enfants, étudiants et même réfugiés statutaires, comme le montrent les témoignages venus de Rabat, Fès, Taourirt, Nador, Oujda et récemment Tanger». «Les expulsions vers la frontière maroco-algérienne se font dans des conditions particulièrement inhumaines. Les migrants sont abandonnés dans le désert alors que la baisse des températures et l'arrivée des pluies les exposent à des dangers encore plus graves», lit-on dans le texte. La présidence de l'UE est saisie Les sept ONG ne se sont pas contentées d'alerter l'opinion publique nationale sur les dangers qui guettent de plus en plus la communauté subsaharienne résidente au Maroc, mais elles ont adressé une lettre au président de l'Union européenne, le belge Herman Van Rompuy. «La situation, écrivent-elles, des ressortissants d'Etats sub-sahariens au Maroc, qu'ils soient en situation légale ou non, est aggravée par le racisme endémique des agents de l'Etat marocain, et plus particulièrement des forces de police. C'est pour faire face à cette situation que de nombreux sub-sahariens au Maroc, étudiants, salariés, commerçants ou sans-papiers, se sont regroupés au sein de différentes associations en vue de défendre leurs droits et leur dignité». Une initiative guère appréciée par les autorités marocaines. Preuve en est la série d'arrestations opérées ces derniers jours dans les rangs des militants subsahariens : le 17 octobre, «des membres de l'Association de lutte contre l'émigration clandestine au Maroc (ALECMA) ont été violemment arrêtés et son secrétaire général Pascal Mpele a été arrêté le 20 à Rabat, avant d'être refoulé à la frontière algérienne. Le même jour, l'ancien président du Conseil des migrants sub-sahariens au Maroc (CMSM), Camara Laye , a été arrêté à Rabat sur la base d'accusations fantaisistes et accusé de vente illégale de cigarettes et alcool malgré l'absence totale de preuves matérielles», déplore la lettre au président de l'UE. Et de conclure que «vous n'êtes pas sans savoir que l'octroi au Maroc de statut avancé par l'UE en 2008 doit s'accompagner d'une exigence de consolidation de l'Etat de droit qui passe obligatoirement par le respect des droits humains dont ceux des migrants qui représentent un «élément essentiel» des relations UE/Maroc". Même constat que celui de MSF Les sept ONG ont adressé une lettre au chef du gouvernement sur les conditions de séjours des Subsahariens au Maroc, lui demandant d'honorer les engagements internationaux du royaume dans la protection des droits des migrants et de leurs familles. Elles y ont également pointé du doigt les déportations des migrants vers la frontière algérienne. Ce triste constat de ces associations corrobore les conclusions d'un rapport, publié le 5 septembre, de Médecins sans frontières, relevant que «depuis la fin du mois d'avril, les équipes MSF ont pris en charge un nombre croissant de victimes de violence dans la région. Entre avril et juillet, le pourcentage de personnes traitées dans les cliniques mobiles de MSF à Nador pour des blessures liées à la violence a plus que doublé, passant de 15 à 34%».