Visiblement revigoré par sa mission à Stockholm où il a rencontré le vice-président du Parlement suédois, Oubi Bachir Bouchraya a décidé de briser le silence qu'il s'est imposé depuis la présentation de sa démission en janvier. Le représentant du Polisario en Europe a pointé du doigt la vielle garde du mouvement séparatiste, l'accusant de priver les jeunes générations d'accéder aux postes de responsabilités, mais tout en multipliant les actes d'allégeance au projet du Polisario. «Personne ne peut reprocher à la génération fondatrice du Polisario de ne pas avoir obtenu l'indépendance du Sahara occidental car elle a consenti de nombreux sacrifices pour y parvenir et dans des conditions très difficiles. Le seul reproche majeur qui serait fait à cette génération c'est une certaine incapacité à assurer la relève», a-t-il diagnostiqué dans une interview accordée au quotidien espagnol El Independiente. Ces critiques formulées par Oubi Bachir ont été, d'ailleurs, rapportées par le même média, lors d'une visite effectuée, en octobre dernier, dans les camps de Tindouf. Ce haut cadre du Polisario de 53 ans, qui a annoncé sa démission du poste de chargé de l'Europe et de l'Union européenne, se présente comme le porte-parole d'une jeunesse des camps de Tindouf piaffant d'impatience pour prendre la relève. Le ton d'Oubi Bachir, bien que modéré, intervient alors que la gestion de Brahim Ghali ne fait plus l'unanimité au sein de la direction du Polisario. Le média EC Saharaui, pourtant fidèle allié du secrétaire général dans sa quête à un troisième mandat, a déchanté après l'annonce de la formation du nouveau «gouvernement». Depuis, la publication en ligne lance des flèches en direction du chef du Polisario. Si ces griefs sont motivés par des considérations tribales, ceux exprimés par Oubi Bachir s'inscrivent dans un autre cadre. Dans les camps de Tindouf, les voix opposées et tolérées sont très rares. Janvier a connu la création d'une coalition de groupes dits «réformistes», réunis sous la bannière des «Militants du Front», qui connait la présence de ce qui reste de l'«Initiative sahraouie pour le changement», lancée officiellement depuis les camps de Tindouf, en novembre 2017. Lors de la tenue du 16e congrès du Polisario, Oubi Bachir, qui se présente désormais comme «un militant pour l'indépendance du Sahara occidental» espérait d'autres responsabilités au sein de la direction du Front.