Etre député au Maroc a sa particularité. C'est un titre qui procure bien des avantages et aucune contrainte, à part d'assister, une fois par an, en djellaba, à la séance d'ouverture présidée par le roi. Les caprices de nos députés n'en finissent pas. Il y a deux semaines, le président de la Chambre basse, Karim Ghellab, s'est dit favorable à l'octroi de plus d'indemnités aux élus afin de les encourager à assister aux travaux des commissions, séances des questions orales et aux sessions plénières. Les ponctions sur salaires pour les absents sont, ainsi, jetées aux oubliettes. Et comme l'appétit vient en mangeant, les honorables représentants de la nation mettent sur la table une nouvelle demande. Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien Akhbar Al Yaoum affirme qu'ils veulent, en cas de décès, que leurs femmes et enfants puissent bénéficier de la moitié de leurs pensions. Un privilège accordé aux ministres. Un groupe de députés a même déposé une lettre, en ce sens, au bureau de la chambre des représentants. Un nouveau caprice qu'ils justifient par le «souci d'assurer l'avenir de leurs enfants». Et pourtant, le parlement marocain est connu pour être un club de riches à l'exception de la majorité des députés du PJD et certains jeunes et femmes de la Liste nationale. 1000 dh pour chaque année passée au parlement En 2005, le gouvernement Driss Jettou a procédé à l'augmentation des pensions des parlementaires. Pour chaque année passé au parlement, ils perçoivent 1000 dh. Pour une législature : 5000 dh, deux : 10.000 dh et ainsi de suite. Abdelouahed Radi, le premier secrétaire de l'USFP, en détient le record de longévité. Il est au parlement, depuis 1963. Les ténors du PJD à savoir Benkirane, Otmani et Ramid comptent, chacun, quatre mandats. C'est-à-dire 20.000 dh chaque mois. Une particularité du système parlementaire marocain c'est que les députés ne sont pas obligés d'attendre l'âge légal de la retraite, 60 ans, pour toucher les dividendes. Dès qu'ils cessent d'être élus, ils perçoivent automatiquement leurs pensions. Un avantage qui n'est pas le seul, puisqu'ils ont la possibilité de le cumuler aux retraites du public ou du privé. Les conseillers ont une longueur d'avance sur les députés Octobre 2010, devant les élus, le roi Mohammed VI soulevait, à sa manière, les demandes en cascades des parlementaires, faisant valoir que «la qualité de membre du parlement n'est pas tant un privilège personnel, mais plutôt une charge impliquant le devoir de s'atteler résolument, de façon responsable et engagée, à la recherche de solutions réalistes aux questions pressantes qui préoccupent le peuple». Qu'à cela ne tienne. Pire encore, les caprices des députés et conseillers vont crescendo. En avril dernier, ils sollicitaient du ministère des Affaires étrangères des passeports diplomatiques. Un moyen pour eux de compenser la perte de l'immunité que la constitution de 2011 a bannie. Quant aux conseillers, et ne reculant devant rien, ils avaient, même, adressé une lettre au cabinet royal suppliant la prorogation du mandat de la Chambre haute du parlement jusqu'en 2018.