Les banques africaines se sont inscrites, en 2022, dans une logique de croissance, et ce malgré les incertitudes macroéconomiques actuelles, indique une étude réalisée par McKinsey autour de la productivité bancaire. Elle note que les revenus des banques du continent ont connu une nette amélioration. «Certaines banques en Afrique affichent même aujourd'hui des revenus supérieurs à avant la pandémie, et ce du fait de l'augmentation des volumes, mais aussi des taux d'intérêt et de la stabilité des coûts liés aux risques. Cependant, le rendement des fonds propres (ROE) des banques africaines, à l'exception de celles du Kenya, demeure encore inférieur par rapport aux niveaux enregistrés avant la pandémie, malgré un fort rebond constaté en 2021», estime l'étude pour qui banques africaines «devront se pencher davantage sur la productivité» si elles souhaitent renouer avec une rentabilité supérieure aux coûts des fonds propres. McKinsey souligne, dans un communiqué, que la rentabilité des cinq plus grands marchés bancaires d'Afrique (Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Maroc et Nigeria) a connu un déclin constant, avec une baisse moyenne de 2 pp au cours des six dernières années. «Les banques africaines sont coûteuses à gérer : elles possèdent un ratio coût/actif moyen compris entre 4 et 5 %, soit deux fois plus élevé que celui de la moyenne mondiale. Dans le même temps, l'environnement économique dans lequel de nombreuses banques africaines opèrent est souvent caractérisé par des taux de bancarisation et par des ratios prêts/dépôts beaucoup plus faibles, ce qui signifie que les pools de revenus bancaires plus petits et donc moins d'économies d'échelle», explique François Jurd de Girancourt, directeur associé du bureau de McKinsey à Casablanca qui dirige le pôle de compétences Institutions Financières de McKinsey en Afrique. «Cela invite plus que jamais les banques du continent à revoir leur base de coûts et leurs modèles opérationnels, en particulier si elles souhaitent continuer à investir dans la technologie et encourager l'inclusion bancaire.» L'étude réalisée par McKinsey invite les banques africaines à viser des gains de productivité de l'ordre de 25 à 30%. Elle suggère de recentrer leur effort de productivité autour de six domaines : S'ancrer davantage dans la réalité «phygitale» pour la banque de détail, viser le «zéro opérations manuelles», passer de back-office à «partenaire à forte valeur ajoutée», adopter la flexibilité pour l''immobilier, accélérer l'adoption des nouvelles technologies et prôner la collaboration numérique et analyses avancées pour les achats et coûts tiers.