Le week-end dernier, Inwi annoncait son entrée en lice pour le rachat des parts de l'opérateur des télécoms mauritano-tunisien, Mattel. Si elle remporte la mise, l'entreprise marocaine devrait se retrouver à nouveau en face de l'opérateur marocain n°1, Maroc Télécom, qui possède l'opérateur historique local, Mauritel. Si les banques marocaines partent à la conquête de l'Afrique, les opérateurs téléphoniques nationaux ne sont pas en reste. Pour preuve, Maroc Telecom et Inwi pourraient bientôt se trouver en concurrence directe sur le marché… mauritanien ! Le troisième opérateur téléphonique marocain derrière IAM et Meditel a en effet fait savoir son intérêt pour la reprise du mauritanien Mattel, contrôlé majoritairement par Tunisie Telecom, a rapporté samedi 13 octobre le site Tunisia IT. D'après le site d'information, l'opérateur des télécoms tunisien, qui possède 51 % du capital de Mattel, chercherait à revendre ses parts depuis plus d'une année déjà. Cette décision serait motivée par la volonté du management de l'entreprise de se concentrer sur le marché tunisien où elle a perdu du terrain au profit de ses concurrents. Depuis 2011, l'opérateur français, Orange, était le candidat favori pour remporter la mise, indique la même source. Mais avec la nouvelle entrée en lice d'Inwi, les jeux sont désormais complètement relancés. De fait, il semblerait même que l'entreprise marocaine ait la faveur des pronostiques puisque Mattel, contrôlé majoritairement par Tunisie Télécom, appartient également à des actionnaires privés locaux qui, semble-t-il, sont plus proches des intérêts marocains. Un homme d'affaire mauritanien, qui détient 39% des parts du groupe, préfèrerait s'associer aux Marocains, révèle le site tunisien. Evidemment, rien n'est encore joué pour le moment pour Inwi qui va devoir prendre son mal en patience jusqu'à ce que la décision finale soit rendue, courant novembre. Si l'opérateur marocain remporte la mise, il se retrouvera alors en concurrence directe avec Maroc Telecom, qui est l'actionnaire majoritaire de l'opérateur historique local, Mauritel. L'Afrique, un marché au très fort potentiel A l'instar des banques, les opérateurs des télécoms chérifiens semblent donc avoir compris que leur avenir se joue en Afrique. Selon un rapport d'enquête du cabinet d'études Business Wire (BW) publié en janvier dernier (cité par Le Soir), le continent africain est en effet «l'un des seuls marchés, où la quasi-totalité des indicateurs est en nette progression, avec un accent très particulier pour la connexion mobile et le haut débit. Il est aussi l'un des marchés les plus concurrentiels et les plus avancés en termes d'innovation.» Il faut dire que le retard qu'a pris le continent en matière de développement des télécoms augure du potentiel énorme de ce secteur. A titre indicatif, l'étude de BW révèle que le taux de pénétration du mobile ne se hisse encore qu'à 41,4% sur le continent à fin septembre 2011 (pour plus d'1 milliards d'habitants). En outre, pour la seule année 2010, les abonnés mobiles ont progressé de 12,9% à 333 millions d'abonnés, alors que les abonnés Internet ont dépassé eux les 77 millions. Enfin, avec plus de 620 millions de connexions mobiles à fin septembre 2011, l'Afrique a dépassé l'Amérique latine pour devenir le deuxième plus grand marché mobile au monde, après l'Asie, rapporte l'étude. A la lumière de ces chiffres, inutile donc de se demander pourquoi les ambitions des opérateurs téléphoniques nationaux les portent inexorablement vers le sud.