Après la colère exprimée par son représentant à New York, c'est au tour de la direction du Polisario de rejeter le projet de résolution élaboré par les Etats-Unis sur la question du Sahara. Contrairement à la mobilisation sur ce dossier, du moins médiatique en octobre 2021, l'Algérie se mure dans le silence. Le Polisario exprime, officiellement, son désaccord avec le projet de résolution sur la question du Sahara présenté, la semaine dernière, par les Etats-Unis aux membres du Conseil de sécurité. «La responsabilité des Nations unies et du Conseil de sécurité dans la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique, est en jeu», a indiqué le bureau permanent du secrétariat général du Polisario dans un communiqué, publié lundi 24 octobre. S'inscrivant en faux contre les appels de puissances internationales, y compris de la Russie, en faveur d'une solution politique au conflit, le Polisario affirme que «la paix au Sahara occidental passe impérativement par mettre un terme à la confiscation du droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance et obliger le Maroc à cesser sa rébellion contre le droit et légitimité internationaux». Et d'ajouter que «le peuple sahraoui» est décidé à «poursuivre avec unanimité, foi et confiance sa juste et légitime lutte sous la direction de son représentant légitime, le Front Populaire de Libération de Sakia Al-Hamra et Oued Eddahab, jusqu'à ce que la pleine souveraineté de la République Arabe Sahraouie Démocratique soit réalisée sur l'ensemble de son territoire national». L'Algérie se mure dans le silence Ce communiqué est une réponse directe au projet de résolution rédigé par les Etats-Unis. Le texte, dont l'adoption est prévue le 27 octobre, a repris les observations émises par le secrétaire général de l'ONU dans son dernier rapport sur ce dossier. La proposition américaine a surtout «encouragé les pays voisins à prendre des mesures importantes et à contribuer activement à ce processus; et souligne l'importance pour toutes les parties prenantes de développer leurs positions afin d'avancer vers une solution». Au lendemain de la présentation du texte de l'administration Biden, le représentant du Polisario à New York, Sidi Mohamed Ammar, a estimé, dans une interview accordée à un média sahraoui, que son mouvement «n'attend pas grand-chose de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité» sur la question du Sahara occidental. Contrairement à l'année dernière, l'Algérie s'est murée dans le silence, préferant ne pas communiquer sur les développements du dossier du Sahara occidental dans les couloirs de l'instance exécutive de l'ONU. Pour mémoire, à la veille de l'adoption de la résolution 2602 (29 octobre 2021), la diplomatie algérienne avait annoncé que la «Russie et le Kenya veulent introduire des amendements substanciels pour rééquilibrer un tant soit peu le texte», proposé par les Etats-Unis. «Les deux pays estiment que ce texte est déséquilibré et ne reflète pas la nouvelle réalité à la suite notamment de la violation flagrante du cessez-le-feu par les forces d'occupation marocaines, en novembre 2020, dans la zone tampon d'El Guerguerate», avait annoncé alors l'ancien envoyé spécial de l'Algérie pour le Sahara occidental dans des déclarations à l'APS. L'administration Biden a invité, samedi par la voie de la secrétaire d'Etat adjointe des Etats-Unis, Wendy Sherman, «toutes les parties concernées d'élargir leurs positions en vue de parvenir à une solution durable et digne du conflit». Pour sa part le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov avait souligné, lors de ses entretiens du 7 octobre avec Staffan de Mistura, «l'importance de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable au problème du Sahara occidental, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies».