Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a choisi l'ironie pour commenter l'accueil chaleureux réservé au chef du Polisario par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. «Nous avons tous suivi ce cinéma», a-t-il déclaré, jeudi, lors d'un point de presse animé avec son homologue belge. Le chef de la diplomatie a enchainé en observant que «ce n'est pas la première fois que l'Afrique du sud emprunte cette voie. Depuis 2005, l'Afrique du sud a pris l'habitude de prendre ces positions négatives… des positions radicales» sur la question du Sahara, a-t-il déploré. «Ces positions trahissent une incapacité de l'Afrique du sud et non sa force. Lorsque Pretoria a reconnu la pseudo entité et a traité avec cette milice armée, elle croyait que le cours du dossier (du Sahara) allait changer et que l'ensemble du continent africain et le monde entier allait lui emboîter le pas» mais l'Afrique du sud a vite déchanté, a analysé Bourita. «Depuis 2005, 20 Etats ont retiré leur reconnaissance (de la "RASD", ndlr) dont 7 pays voisins de l'Afrique du sud», a expliqué le ministre dans sa réponse. Et de rappeler que «l'Afrique du sud a adhéré, à trois reprises, au Conseil de sécurité en 2007, 2011 et 2019 mais sans parvenir à changer quoi ce soit» sur la nature du dossier. «La politique suivie, depuis 2005, par Pretoria n'a eu aucun effet. En témoigne l'ouverture par 23 Etats africains de consulats dans les provinces du sud dont plusieurs Etats de son groupement régional et son voisinage, le plus proche», a indiqué le ministre des Affaires étrangères. Nasser Bourita fait référence à la République démocratique du Congo, la Zambie, Eswatini, les Iles des Comores et le Malawi, membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). L'Afrique du sud est également irrité par l'adhésion de 90 Etats au plan marocain d'autonomie au Sahara, présentée en 2007, dont 30 pays africains, a-t-il relevé. Tout ce «cinéma» autour de l'accueil du chef du Polisario exprime «l'incapacité» de ce pays à avoir une influence sur la question du Sahara. «Le fait de brandir un torchon et dérouler le tapis rouge ne modifie pas le cours de ce dossier» alors que la tendance internationale est, actuellement, en faveur d'une solution politique sous l'égide de l'ONU. «Une solution qui sépare entre une milice et un Etat et entre un torchon et un drapeau», a-t-il affirmé. Nasser Bourita a annoncé que le Maroc «va continuer à isoler davantage l'Afrique du sud et défendre ses intérêts par tous les mécanismes entre ses mains. L'agitation ne nous fait pas peur». Le chef de la diplomatie a tenu, également, à adresser une mise en garde aux sociétés sud-africaines opérant au Maroc. «Une entreprise sud-africaine ne peut pas récolter des bénéfices au Maroc et rester les bras croisés face à ce que fait son gouvernement», a-t-il prévenu.