A quelques semaines du lancement d'un exercice militaire conjoint entre l'Algérie et la Russie, près de la frontière marocaine, Moscou a tenu à rassurer Rabat. La Russie et l'Algérie prévoient d'organiser, du 16 au 20 novembre, un exercice militaire, appelé «Bouclier du désert 2022». Les manœuvres auront pour thème principal la lutte contre le terrorisme, dans un contexte où l'armée algérienne dit être la cible d'attaques commises par des entités terroristes opérant dans le sud du pays. Le terrain choisi par les deux armées pour réaliser ces manœuvres est la base de Hammaguir à Béchar, non-loin de la frontière avec le Maroc. Le site avait servi de base pour l'armée française, jusqu'en 1967. Cette proximité interpelle à plus d'un titre, d'autant que l'Algérie taxe le royaume de financer et entraîner des entités politiques, classées «terroristes» par Alger, comme le MAK et le Rachad. Pour couper court à toutes les spéculations véhiculées depuis des mois sur ce sujet par les médias algériens, la diplomatie russe a tenu à apporter des clarifications. Pour rappel, l'armée algérienne avait procédé, en janvier 2021, à un important exercice militaire, près de la frontière marocaine. Le Maroc est-il en train de récolter les fruits de sa politique de neutralité ? «Ces exercices antiterroristes sont programmés et mis en œuvre dans le cadre du programme approuvé de la coopération militaire avec l'Algérie», a indiqué, dans des déclarations à la presse, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Et de préciser que «comme tous les exercices militaires auxquels la Russie participe, «Bouclier du désert 2022» ne vise aucune tierce partie». Ces propos à même de rassurer la partie marocaine interviennent alors que Rabat ne cesse, notamment depuis le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, le 24 février, d'adresser des signaux en direction de Moscou attestant de sa neutralité à l'égard de ce conflit. Cette position s'illustre notamment par les absences du royaume aux opérations de votes de résolutions par l'Assemblée générale des Nations unies condamnant l'intervention militaire russe, les 2 et 24 mars, et une troisième, le 7 avril, décrétant la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Un texte, pourtant, à l'initiative des Etats-Unis, considérés les «alliés traditionnels» du Maroc. Bien avant les précisions de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Moscou a envoyé à son tour de subtils messages à Rabat. Lors de sa visite du 9 mai à Alger, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov n'a pas mentionné, dans des déclarations à la presse, avoir abordé, comme l'habituelle question du Sahara occidental avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Le même dossier a été, également, ignorée par la partie russe lors des entretiens des deux chefs de la diplomatie, du 24 septembre à New York en marge de la 77e session de l'Assemblée générale de l'ONU, comme en témoigne notamment la couverture de la réunion par l'APS. Ces messages attendent confirmation, d'abord dans le communiqué devant sanctionner les travaux de la Commission mixte russo-algérienne, qui se tient les 27 et 28 septembre à Alger, et lors du vote par Moscou de la prochaine résolution du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental. Pour rappel, Nasser Bourita a rencontré, jeudi 22 septembre à New York, son homologue russe, Sergueï Lavrov.