La rentrée sociale a bien commencé. Chômage, précarité et des décisions parfois inopportunes des autorités, comme ce qui s'est passé à Sidi Ifni, sont autant d'éléments qui mettent facilement le feu à la poudrière. Au Nord comme au sud, la grogne sociale se mue en heurts, souvent violents, entre manifestants et forces de l'ordre. Deux cas illustrent parfaitement cette tendance de plus en plus présente au Maroc : Tanger et Sidi Ifni. Une banale exécution de jugement qui dégénère La capitale du détroit et plus particulièrement Béni Makada a connu une rude journée. Et pourtant, le matin dans le très populaire quartier Ard Doula (Terre de l'Etat) rien ne présageait une telle situation. Des sources que nous avons contactées expliquent qu'au début il ne s'agissait que d'une simple procédure d'exécution d'un jugement de délogement d'une maison de location occupée par une femme âgée au profit de la propriétaire qui réside également dans le même quartier. Une opération qui a vite dégénéré en affrontements avec les quelques policiers venus, comme c'est d'usage, soutenir et assister au déroulement de l'événement. Devant le nombre important de manifestants, les forces de l'ordre ont renforcé également leur nombre, donnant lieu à des faces à face violents entre les deux parties qui ne sont pas sans rappeler ceux de Taza ou de Béni Bouayache. Les mêmes sources parlent de l'usage massif de bombes lacrymogènes et même de balles en caoutchouc pour disperser la foule. On dénombre des blessés (entre six et 10) dans les rangs des policiers, victimes de jets de pierres, et parmi les manifestants. Des arrestations ont également eu lieu. C'est pareil pour les dégâts matériels : des vitrines brisées de quelques boutiques et d'une agence bancaire. Les écoles ont, par ailleurs, été contraintes de retarder l'heure de sortie des élèves jusqu'à la fin des hostilités. A Sidi Ifni, le spectre de juin 2008 plane Sidi Ifni (à 160 km au sud d'Agadir) n'a pas passé une nuit calme. Et pour cause, «entre 8h et 2h de la matinée du mercredi, la petite ville a connu des heurts entre les forces de l'ordre et les protestataires», nous indique Samir El Mhandi, membres de la section locale de l'AMDH. A l'origine de cette nouvelle tension, les arrestations, samedi, de quatre jeunes ayant participé dans les événements du 7 juin 2008. Le lundi, un sit-in organisé devant les locaux de la police, s'est déroulé, plutôt, dans le calme. En revanche celui du mardi a tourné en heurts. "La police, soutenue par des renforts venus de Guelmim et Tiznit ont tenté de disperser la contestation des familles des détenus soutenues par des habitants et des membres des associations locales. Tous les ingrédients de l'affrontement sont réunis. Des blessés, mais sans gravité, il y en a des deux côtés. Nous avons constaté l'usage de bombes lacrymogènes et nous n'avons relevé aucune entrée par la force des maisons des habitants de Sidi Ifni, comme c'était le cas en juin 2008», souligne Samir El Mhandi. Ce matin le calme est revenu en ville. Un calme très précaire. En effet, le dossier des quatre jeunes arrêtés le samedi dernier sera examiné cet après-midi par le tribunal de première instance à Tiznit, Sidi Ifni ne possède pas une telle représentation du ministère de la Justice. Aux dernières nouvelles, on nous signale la tenue aujourd'hui d'une session extraordinaire du conseil municipal réservée aux incidents d'hier et le début d'un dialogue avec les associations locales pour circonscrire l'onde de choc.