L'ancien chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane a répondu mardi à Abdelouafi Laftit. Il a ainsi qualifié d'«inapproprié» le récent communiqué du ministère de l'Intérieur accusant son parti de vouloir «porter atteinte à la crédibilité de l'opération électorale». Le torchon brûle à nouveau entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le ministère de l'Intérieur. Au lendemain du communiqué de presse du département d'Abdelouafi Laftit après la sortie médiatique du secrétaire général du PJD, celui-ci a réagi mardi, dans un live sur sa page Facebook. Abdelilah Benkirane a ainsi qualifié d'«inapproprié» le récent communiqué de l'Intérieur. «Vous savez que je fais partie de ceux qui ont toujours essayé d'entretenir de bonnes relations avec le ministère de l'Intérieur, et avec vous en particulier, depuis mon retour au secrétariat général du parti, et notre relation est marquée par des paroles amicales», s'est-il directement adressé au ministère de l'Intérieur, avant de s'interroger si les militants de son parti «ont le droit de parler dans ce pays ou non». «Voulez-vous aussi nous priver du droit de parler ? Votre réponse était adressée au secrétaire général d'un parti politique, qui était autrefois, si vous l'aviez oublié, un chef du gouvernement (…) Nous n'avons parlé ni de l'Etat, ni de la monarchie, ni d'un ministre ou du ministère de l'Intérieur. Nous avons parlé d'agents d'autorité», a-t-il rappelé. من كلمة بنكيران في رده على بلاغ الداخلية pic.twitter.com/Rco3ame6N8 — خالد ! العَدَمِيُّ_الأخير (@Khanhilid) July 26, 2022 Le secrétaire général du parti de la Lampe s'est interrogé si Laftit est «en mesure de garantir qu'aucun agent d'autorité ne commettra d'infraction». «Si vous vous adressez à moi de cette manière, que ferez-vous d'un citoyen ordinaire ? Voulez-vous que la peur caractérise notre relation avec l'Etat ?», poursuit-il. «J'ai vécu l'étape Oufkir, quand la peur était relativement installée dans nos esprits. J'ai vécu l'étape Basri, où j'ai été battu et emprisonné à Derb Moulay Sharif, et pourtant nous n'avons pas ressenti toute cette peur. Le roi m'a juré par Dieu que l'ère de Driss Basri ne reviendra pas au Maroc, et nous lui faisons confiance. Mais par votre réponse à mes déclarations, je me demande s'il y a un Marocain qui pourra vous parler maintenant.» Abdelilah Benkirane Le PJD «ne souhaite pas entrer en conflit» avec l'Intérieur L'ancien chef du gouvernement a dit vouloir rappeler à Abdelouafi Laftit qu'il est «plus âgé» que lui et qu'il a repris sa mission au sein du PJD pour «servir le pays ainsi que le parti». «Je n'ai aucune justification pour accepter de revenir car je n'ai pas besoin de ce poste, ayant été à la tête du mouvement, du parti et du gouvernement et ayant de bonnes relations avec Sa Majesté à ce jour», enchaîne-t-il. Revenant au communiqué du ministère de l'Intérieur, Benkirane a affirmé que sa formation politique «ne souhaite pas entrer en conflit» avec «la mère des ministères». «Nous sommes venus servir notre pays avec amour, et nous n'avons pas fait le choix que d'autres mouvements ont pris, qui refusent de participer tant que la démocratie n'est pas instaurée. Nous disons que nous participerons pour réparer ce qui peut l'être, et nous sommes allés dans cette direction qui a donné des résultats, et nous avons vécu, Monsieur le ministre de l'Intérieur, dix ans de stabilité, alors que des pays souffrent à ce jour», rappelle-t-il. Abordant les dernières élections partielles, notamment celles tenues à Meknès, Benkirane a pointé des «choses déraisonnables qui sont apparues», rappelant que les citoyens ne peuvent «brandir le slogan 'Dégage' contre le chef du gouvernement et aller voter pour la candidate de son parti». Il a pointé, dans ce sens, les taux de participation et le nombre de votants pour le RNI, notamment à Dkhissa. «Je vous défie de m'expliquer ce taux de participation de 73% qui n'existe même pas aux Etats-Unis», ajoute-t-il. Pour rappel, le ministère de l'Intérieur a pointé, lundi, «les allégations malveillantes et inacceptables» véhiculées du PJD. Sans nommer le parti, le département a accusé la formation politique d'Abdelilah Benkirane de vouloir «porter atteinte à la crédibilité de l'opération électorale et ce, en faisant de «la propagande d'informations erronées selon lesquelles le vote aurait été orienté par certains agents d'autorité». Dimanche depuis Meknès, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a accusé l'Administration territoriale d'avoir manipulé les élections, en accusant les agents d'autorité d'avoir «fait des choses qui violent la loi pendant le processus électoral partiel à Meknès et Al Hoceima». Article modifié le 28/07/2022 à 00h45