Le règne du clan El Fassi sur l'Istiqlal pourrait vivre ses dernières heures. Un «tribun de la plèbe», Hamid Chabat, s'apprête à en conquérir le trône, ce serait une première dans l'histoire de ce parti. Ce dimanche à Skhirate (20 km de Rabat), l'Istiqlal, l'un des plus historiques partis marocains, a rendez-vous avec l'élection de son nouveau secrétaire général. Deux candidats sont en lice pour succéder à Abbas El Fassi qui a passé plus de 14 ans à la tête du PI : Abdelouahed El Fassi, le fils du fondateur de la formation, et Hamid Chabat, un fils du peuple qui a réussi à gravir les échelons dans un parti réputé être très clanique, au point de cumuler les titres de maire de Fès, secrétaire général des syndicats du PI, UGTM (Union générale des travailleurs au Maroc) et député. Autant de casquettes, il ne reste alors au natif de Taza que celle du secrétaire général pour compléter son tableau de chasse. Chabat part favori En prévision à la réunion de ce dimanche, les deux prétendants se sont livrés durant les deux derniers mois à une véritable course à la collecte du plus grand nombre d'adhésion à leurs candidatures. A en croire des sources du PI, Hamid Chabat a les faveurs du pronostic. Dans son escarcelle, il compterait le soutien de 550 membres du conseil national sur un total de 998 dont la liste a été publiée par le quotidien arabophone Al Alam. Mathématiquement, rien n'est joué d'avance, Abdelouahed El Fassi a encore des raisons d'espérer de succéder à Abbas El Fassi, à la fois son cousin et son beau-frère. Et garder, en conséquence, le parti dans le giron familial L'autre point de la force de frappe de Chabat est le nombre de participants qui assiste à ses meetings politiques, souvent tenus dans des lieux publics (sièges du parti ou de son syndicat), renforçant ainsi l'image qu'il tient à donner de lui : un fils du peuple qui s'adresse au peuple dans des endroits publics. Le week-end dernier, Chabat a organisé une réunion à Rabat qui a connu la présence de 634 membres du conseil national dont 75 parlementaires. En revanche, Abdelouahed El Fassi a choisi de célébrer les réunions de sa campagne électorale dans des villas appartenant à des notables régionaux. Un mauvais choix pour quelqu'un qui se veut être le candidat de tous les militants de l'Istiqlal et non seulement de son propre clan familial. Des figures du parti pour Chabat Hamid Chabat n'a pas que le soutien de la base de l'Istiqlal, il a réussi, ces derniers mois, à rallier à sa candidature quelques noms avec lesquels il tenait des relations froides, voire même conflictuelles. Il s'agit, selon des sources au PI, de Yasmina Badou, députée et ancienne ministre de la Santé sous le gouvernement de Abbas El Fassi, et Karim Ghellab le président de la Chambre des représentants. Les deux, à en croire les mêmes sources, au côté de Adil Douiri, auraient rédigé un programme, de 19 points. Une feuille de route que compte appliquer Chabat, une fois élu secrétaire général du parti. Chabat rassure Benkirane L'élection probable de Hamid Chabat à la tête du PI n'aura pas, à court terme, une grande incidence sur la majorité de Benkirane. Le maire de Fès s'est engagé à continuer à soutenir le chef de gouvernement. Un soutien critique, avertit une source au PI. Les ministres istiqlaliens seraient sous la surveillance d'une commission à laquelle ils devraient rendre des comptes afin de s'assurer qu'ils appliqueraient au moins une partie du programme électoral de la Balance. Hamid Chabat et Fouad Ali El Himma Il semble que la Palais a pris ses distances avec ce qui se passe au sein de l'Istiqlal. Il n'est pas un acteur dans la course à la succession de Abbas El Fassi, le secrétaire général sortant doit son titre à l'intervention du palais lors du congrès de 1998. Cette fois les choses s'annonce différemment mais la relation froide entre Hamid Chabat et Fouad Ali El Himma, le conseiller du roi, suscite des interrogations. Le maire de Fès s'était attaqué, et à maintes reprises, au fondateur du PAM. C'était d'ailleurs la seule figure du PI qui osait affronter de la sorte El Himma. Par ailleurs, lors des consultations pour la formation du gouvernement Benkirane, la liste des ministres proposée par Chabat avait complètement sauté. Acculé à donner une explication à cet incident, Abbas El Fassi en a responsabilisé le palais. El Himma en était le négociateur.