Si les grandes villes telles que Casablanca ou Marrakech sont relativement épargnées, c'est bien le sud du pays qui subit les conséquences de cette pénurie. Economie, éducation, santé, environnement… Les conséquences du manque d'accès à l'eau et aux services essentiels comme l'hygiène ou l'assainissement sont nombreuses. Depuis plusieurs années, la situation marocaine est symptomatique d'une pénurie d'eau douce en passe de devenir une urgence mondiale. Le pays est déjà considéré comme étant en stress hydrique avec seulement 620 mètres cube d'eau douce par habitant et par an, contre 2 500 mètres cubes (m3) pour l'année 1960. Les conséquences du manque d'accès à l'eau et aux services essentiels comme l'hygiène ou l'assainissement sont nombreuses. La pénurie d'eau prive plusieurs établissements scolaires d'accès aux toilettes, sanitaires et à l'eau potable. Sur les 13 000 écoles situées en zone rurale, pas moins de 4 000 établissements disent ne pas avoir de vraies toilettes au sein de leurs locaux. Le manque de toilettes a des conséquences dramatiques sur la santé des écoliers. Selon plusieurs médecins, l'absence de sanitaire contribue à véhiculer des maladies comme la dysenterie, la poliomyélite, la typhoïde ou une mauvaise hygiène menstruelle et des mycoses et infections urinaires. Ces conséquences poussent certains écoliers à quitter l'école, pouvant parfois aller jusqu'au décrochage scolaire. Les élèves du milieu rural sont les plus touchés. Aussi, plus de la moitié des enfants exclus, soit plus de 60%, sont des filles qui ne parviendront jamais à rejoindre l'école. L'agriculture à l'épreuve du stress hydrique L'agriculture est encore de loin le secteur le plus demandeur en eau. Elle est de ce point de vue le secteur le plus problématique pour la gestion des ressources en eau : la demande croissante dans le secteur agricole est de moins en moins satisfaite par l'usage des eaux de pluie et de surface, mais de plus en plus par des prélèvements souterrains, qui mènent souvent à l'épuisement de la ressource. De ce fait, le secteur agricole est l'un des domaines qui menace le plus la sécurité hydrique, mais également celui qui en souffre le plus. La consommation en eau du secteur primaire s'élève à près de 9 milliards de mètres cube par an, tandis que les autres ne consomment que 1,28 milliard de mètres cubes. De nombreuses régions du monde, dont le Maroc, sont confrontées à une réduction de la disponibilité de cette ressource en raison du changement climatique. De plus, les plantes des zones géographiques touchées par le stress hydrique en subissent les conséquences. Leur croissance diminue et peut entraîner de graves pertes d'exploitations agricoles, et le manque d'eau accroît aussi les risques de feux de forêt. Stress hydrique : Le Maroc en train de «camoufler un problème au lieu de le résoudre» Mais malgré de nombreux programmes et initiatives lancés depuis une dizaine d'années, le secteur agricole demeure largement dépendant des précipitations et sa performance reste fortement corrélée à la pluviométrie. Aussi, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le manque ou l'absence d'eau comme principal intrant peuvent conduire les grands secteurs comme l'agriculture ou l'industrie à un étranglement de leur activité de production, avec des conséquences négatives pour l'économie nationale. Des impacts sur la qualité de l'eau Le manque d'accès durable à l'eau par les secteurs comme l'agriculture provoque une exploitation sauvage de la ressource avec un impact environnemental qui, dans certains cas, peut s'avérer être irréversible. En effet, la surexploitation ou l'exploitation sauvage des ressources d'eaux souterraines et des eaux superficielles entraîne un appauvrissement des nappes, un assèchement de ruisseaux et rivières et une dégradation considérable de la qualité de l'eau. Un puisement non effectué par des professionnels peut entraîner une pollution de l'eau par des matières organiques. En effet, l'apparition d'espèces végétales et animales invasives peut venir perturber l'écosystème aquatique, rendant l'eau temporairement inexploitable ou non-potable. Plus l'eau se raréfie au Maroc, plus sa gestion devient difficile, notamment pour tout ce qui concerne son approvisionnement, la gestion de la pollution et donc de la santé publique et la gestion des déchets. Face aux menaces liées au stress hydrique qui s'étend de plus en plus à travers le monde, le Maroc réagi pour limiter les conséquences. Un nombre de conventions a été mis en place pour l'implémentation de mesures d'urgence afin de garantir l'approvisionnement en eau potable. À ce niveau, une batterie de mesures, telles que le lancement de campagnes de sensibilisation à la protection des ressources en eau, la réalisation de barrages, la mise en place de stations itinérantes de dessalement de l'eau de mer, ont été décidées depuis le début de l'année 2022.