Ecrit par la Rédaction| Cette exposition au risque hydrique n'est pas due seulement au climat semi-aride à aride qui caractérise la majeure partie de son territoire mais également à la mauvaise gestion de l'eau et aux pertes induites par une infrastructure inadéquate, obsolète et mal entretenue. La menace du stress hydrique plane sur le Maroc mettant à rude épreuve sa stratégie de développement en la matière. Et pour cause : l'émergence des problèmes environnementaux, l'accroissement de la population se sont traduits par des besoins croissants en eau et des risques de plus en plus menaçants de la dégradation des ressources hydriques. Ce qui n'est guère rassurant. Certes l'accès à l'eau est un droit universel, toutefois une partie importante de la population mondiale en est privée. Comme rappelé par le Centre marocain de conjoncture, plus de 1,6 milliard de personnes ne disposent pas de quantité d'eau suffisante pour subvenir à leurs besoins. Leur consommation en eau potable est inférieure à 1700 mètres cubes d'eau par habitant et par an. Contrairement à ce que nous pouvons croire, cette pénurie d'eau n'est pas propre aux pays chauds, elle est également présente dans les pays froids où le gel prive les populations d'eau liquide. « Avec l'accroissement de la population, la pression sur les ressources en eau devient de plus en plus forte surtout si l'on sait que la quantité globale d'eau existante dans les océans, les mers intérieures et les nappes souterraines représente 97,2% du volume d'eau disponible sur terre alors que l'ensemble des eaux douces ne représente que 2,8% du volume global », rappelle le CMC. Et d'ajouter : « Dans ce faible pourcentage, les glaces et les neiges permanentes représentent 2,1% et l'eau douce disponible 0,7%. La moitié de ces 0,7% est constituée d'eaux souterraines ». Le Maroc parmi les pays menacés Selon le Word Ressources Institute, le Maroc connait une situation hydrique inquiétante. Il compte parmi les pays les plus menacés par une pénurie d'eau. Il occupe la 23ème place sur 165 contrées exposées aux risques hydriques. Pis encore, les ressources du pays en eau sont évaluées à 650 mètres cubes par habitant et par an. Ce volume le situe dans une situation de détresse aigue. Cet indicateur représentait 2500 m3/habitant/an en 1960. « Cette baisse inquiétante n'est pas due seulement au climat semi-aride à aride qui caractérise la majeure partie de son territoire mais également à la mauvaise gestion de l'eau et aux pertes induites par une infrastructure inadéquate, obsolète et mal entretenue », fait savoir la même source. Pour faire face à cette menace, le Maroc s'est mobilisé en adoptant une politique de l'eau ambitieuse. Celle-ci a donné lieu à la construction de 144 barrages d'une capacité de stockage avoisinant 18 milliards de m3 Ce nombre est appelé à évoluer au cours des prochaines années pour porter le nombre de ces ouvrages à 179 à l'horizon 2027 et la capacité des réserves à 27 milliards de m3. Dans son effort de renforcement de l'offre hydrique, le Maroc envisage, également, de prospecter les eaux souterraines et de diversifier les sources d'alimentation en multipliant les stations de dessalement d'eau de mer et d'épurement des eaux usées pour une meilleure satisfaction des besoins de ses populations et le développement du pays. « Malgré tous les efforts déployés pour réduire les tensions sur les ressources hydriques, le Maroc est dans le groupe des pays où le stress hydrique est élevé. Par rapport aux pays de l'Afrique du Nord, le Maroc se place avant l'Algérie, la Tunisie, et l'Egypte et se place après la Libye », tiennent à rappeler les analystes du CMC. Lire également : Dessalement, une meilleure fenêtre de tir pour le grand Agadir Une gestion rigoureuse des ressources hydriques s'impose Les défis à relever par le Maroc en matière de stress hydrique seront plus importants dans un avenir proche. Pour réussir ce pari, un renforcement de la coopération internationale et l'engagement de tous les acteurs s'imposent avec force dans un pays où la consommation d'eau par le secteur agricole- principal moteur de sa croissance- représente 93% de la demande globale en eau, alors que l'eau potable et industrielle n'en constituent que 7%. Pour satisfaire toute la demande en eau de l'ensemble des activités existantes sur le territoire, le Maroc a déjà mobilisé la moitié de son potentiel hydrique et surexploité ses ressources en eau souterraine non renouvelable dans certaines de ses régions. Dans ce contexte, Il est nécessaire, selon les conjoncturistes, d'opter pour une gestion encore plus rigoureuse des ressources -renouvelables ou non- afin de répondre, au mieux, aux besoins des usagers en eau en termes de quantité et, de qualité dans un contexte où tous les paramètres naturels, sociaux, économiques sont difficiles à cerner. Il faut néanmoins que la population comme les différentes activités utilisatrices d'eau participent à la réduction du gaspillage de cette substance vitale et de mettre en œuvre des méthodes de récupération, de traitement et de gestion de l'eau en vue de se prémunir contre tout risque de pénurie.