A ce rythme, le Maroc risque de se diriger durant les prochaines années vers une zone de stress hydrique. La situation des ressources hydriques au Maroc est de plus en plus alarmante. Les ressources conventionnelles (de surface et souterraine) sont limitées. Ce qui a pour conséquence majeure une diminution des ressources en eau par habitant. «Dans les années 60, la ressource par habitant était de 3000 m3 par an. Celle-ci est passée aujourd'hui à 700 m3. Ce qui montre que le Maroc est dans une zone de pauvreté ( à 1000 m3). A ce rythme, le Maroc risque de se diriger durant les prochaines années vers une zone de stress hydrique ( à 500 m3)», affirme le Pr Azzedine El Midaoui, président de la Société marocaine des membranes et de dessalement (SMMD). Le dessalement de l'eau constitue ainsi une ressource alternative pour répondre aux besoins en eau à court et à long termes. Elle représente une solution sûre pour la mobilisation de ressources en eau supplémentaires. Pour faire le point sur le dessalement au Maroc et au Maghreb, une rencontre internationale sous le thème «Dessalement et développement durable» se tiendra les 1er et 2 mars à Casablanca. Cette manifestation, initiée par la SMMD et l'International Desalination Association (IDA), rassemblera plus de 200 participants. Plus d'une vingtaine de conférences seront assurées par des éminents spécialistes nationaux et internationaux, sur les différents aspects du dessalement, notamment les dernières avancées dans le domaine. Le Maroc a acquis une expérience réelle par la réalisation et l'exploitation de plusieurs unités de dessalement dans les provinces du Sud (Laâyoune, Boujdour, Tarfaya, Tan Tan, Tagounite, Sidi Lghazi) et a prévu la création de deux méga-station de dessalement d'eau de mer à Agadir et à Jorf Lasfar. La première aura une capacité de 100.000m3 par jour et la seconde station de 200.000m3 par jour. Malgré les différentes actions menées par le Maroc dans ce domaine, il continue d'être largement devancé par l'Algérie. «Le Marocproduit 40.000 m3 d'eau dessalés par jour contre 3 millions de m3 en Algérie», note le Pr El Midaoui en indiquant toutefois que «le Maroc est plus présent sur le plan scientifique et technique». Certes, le dessalement de l'eau de mer est une solution pour faire face à la pénurie des ressources hydriques mais ce procédé présente plusieurs inconvénients. Besoins énergétiques importants et emploi de produits chimiques pour nettoyer les membranes figurent parmi les principaux problèmes. Outre le dessalement de l'eau de mer, l'autre alternative est la réutilisation des eaux usées. A ce sujet, le président de la SMMD tient à souligner que «chaque année 700 millions de m3 sont rejeté dans le milieu naturel. Ce qui constitue un véritable gaspillage sachant que la réutilisation de ces eaux permet de fournir des quantités d'eau supplémentaires». Rappelons qu'en 2003, 450 millions de personnes dans le monde étaient exposées à des pénuries ou à des stress hydriques. Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) prévoit que 3 milliards de personnes se retrouveront dans cette situation vers 2025. Ce chiffre pourrait passer à 4 milliards en 2050, soit 40% de la population mondiale projetée à 9,4 milliards.