Pour la DEPF, le taux d'activité des femmes, qui ne cesse de baisser, a atteint en 2020 son niveau le plus bas depuis 1999, soit 19,9% contre 21,5% en 2019, alors que les femmes font face vraisemblablement à plus de difficultés à accéder à un nouvel emploi. Au Maroc, l'analyse des composantes de l'utilisation de la main d'œuvre fait état d'une contribution négative et contraignante de la baisse de l'activité des femmes à la croissance PIB par habitant, indique cette semaine la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l'Economie et des finances. Dans une analyse genre de la contribution de l'utilisation de la main d'œuvre à l'amélioration du niveau de vie, la DEPF indique notamment que la crise engendrée par la pandémie de la Covid-19 a amplifié cet impact, en raison de l'accentuation de la fragilité déjà bien existante de la situation des femmes marocaines sur le marché du travail. L'étude pointe ainsi le fait que la sous performance du marché du travail au regard de la faible participation des femmes à l'activité impacte négativement le niveau de vie au Maroc. Elle ajoute que l'analyse sous le prisme genre de l'utilisation de la main d'œuvre (UMO) révèle que l'utilisation féminine de la main d'œuvre contribue négativement à l'évolution du PIBH durant les trois périodes triennales de 2011 à 2013, de 2014 à 2016 et de 2017 à 2019, respectivement à hauteur de -6,1%, de -44,2% et de -56,8% contre des contributions respectives à hauteur de -4,5%, -8,4% et +60,6% générées par l'utilisation de la main d'œuvre masculine. La même source pointe aussi l'accentuation de la contribution négative de l'activité des femmes à la croissance du PIB par habitant ainsi que la contribution négative et en dégradation de l'emploi des femmes à l'évolution du PIB par habitant. Elle fait état d'une «dégradation du chômage des femmes de 3,9 points, entre 2010 et 2019, pour se situer à 13,5%4, soit un niveau supérieur à celui des hommes qui s'est en revanche amélioré, passant de 8,9% à 7,8%». «Au regard de ces évolutions, l'emploi des femmes a contribué négativement à la croissance du PIBH à hauteur de -9,3% entre 2017 et 2019 après -7,5% entre 2014 et 2016». Les femmes ont plus de difficultés à accéder à un nouvel emploi L'analyse revient notamment sur les effets de la crise liée à la pandémie du Covid-19. Ainsi, concernant les contributions de l'activité et du chômage des femmes enregistrées durant cette année, elles ont maintenu les mêmes tendances négatives. «C'est dire que l'activité et le chômage ont accentué la contraction du PIBH en 2020 à hauteur respectivement de 30,3% et 8,5% pour les femmes et de 1,2% et 33,9% pour les hommes», explique-t-on. En effet, le taux d'activité des femmes, qui ne cesse de baisser, a atteint en 2020 son niveau le plus bas depuis 1999, soit 19,9% contre 21,5% en 2019. Celui des hommes a, pour sa part, affiché un léger recul de 0,6 point de pourcentage, passant de 70,7% en 2019 à 70,3% en 2020. Pour ce qui est du taux de chômage des femmes qui se situe en moyenne à un niveau supérieur à celui enregistré par les hommes, il s'est accru de 2,7 points de pourcentage passant de 13,5% en 2019 à 16,2% 2020. En comparaison, le chômage des hommes a avoisiné en 2020 près de 10,7% (dépassant pour la première fois depuis 2005 le seuil des 10%) contre 7,8% une année auparavant. L'étude note à cet égard, que les mesures de soutien pour le maintien de l'emploi, particulièrement, en faveur de l'emploi formel -par le biais de l'octroi d'une mensualité forfaitaire de 2 000 dirhams au profit des salarié(e)s des entreprises affectées par la crise Covid-19 et affilié(e)s à la CNSS5- ont davantage profité aux hommes qu'aux femmes. «Seules 25% des femmes chefs de ménages, ayant bénéficié des mécanismes d'aides apportés par les pouvoirs publics, ont effectivement bénéficié de cette rémunération et ce, en raison de la faiblesse de la déclaration des femmes salariées à la CNSS», rappelle l'étude citant les enquêtes du HCP. «Les niveaux élevés du chômage des femmes enregistrés en 2020 s'explique non seulement par les pertes d'emplois occasionnées par l'arrêt de l'activité économique lors de la période du confinement, mais également par le maintien même lors de la reprise de l'activité de la situation de l'inactivité de près de 22% des femmes qui étaient actives avant le confinement, contre seulement 7% des hommes», déplore-t-elle encore. De ce fait, les femmes font face vraisemblablement à plus de difficultés à accéder à un nouvel emploi, en raison essentiellement du poids des normes sociales qui perpétuent l'idée que les hommes, en tant que chefs de famille, devraient avoir un accès privilégié à l'emploi lorsque les opportunités de travail sont limitées», conclut l'analyse. Bilan Coronavirus dans le monde 440 181 484 Contaminations 5 972 651 Décès 375 467 509 Guérisons 63.1% de la population mondiale vaccinée