Face au blocage de ses commandes en armement au Congrès américain, le Maroc a mis le cap en 2021 sur de nouveaux fournisseurs, notamment la Turquie et Israël. Une fois n'est pas coutume, les Forces armées royales n'ont pas effectué en 2021 de commandes du marché américain. La dernière en date, annoncée le 10 décembre 2020, le jour de la reconnaissance des Etats-Unis de la marocanité du Sahara, est toujours bloquée au Congrès par des députés pro-Polisario. Ce projet de contrat, d'un montant d'un milliard de dollars, portait sur quatre gros drones aériens sophistiqués de type SeaGuardian MQ-9B fabriqués par la compagnie General Atomics et des missiles de précision. Et pourtant en 2019, le Maroc était classé, par le magazine Forbes, premier client dans la région MENA de l'industrie militaire aux Etats-Unis, avec un total de 10,3 milliards de dollars, dépassant les monarchies du Golfe. Une année marquée alors par la conclusion de contrats pour l'acquisition de 25 nouveaux avions F-16 de type D Block 72 pour un coût de 3,787 milliards de dollars, la rénovation de 23 F-16 existants en vue de les équiper de la configuration du F-16 V pour 985,2 millions de dollars et l'achat de 24 nouveaux hélicoptères type Apache AH-64E. Le Maroc s'ouvre sur les marchés israélien et turc Face au blocage menaçant ses commandes aux Etats-Unis, le royaume a opéré une ouverture sur d'autres fournisseurs. La Turquie a saisi cette occasion pour lui offrir son savoir faire en matière de drones. En avril, le royaume avait demandé à la Turquie 13 drones armés Bayraktar TB2, pour un montant de 626 millions de dirhams (environ 58 M€). Le Maroc est en passe de commander un nouveau lot de 6 appareils du même type. Ankara a, par ailleurs, remis une trentaine de ses blindés Edjer Yalçin à l'armées marocaine, offerts par le Qatar, soulignait en juillet l'hebdomadaire français Le Canard enchainé. Cette coopération pourrait se consolider dans un avenir proche. Fin mai, le quotidien turc Daily Sabah révélait que les FAR envisageaient d'acquérir des véhicules blindés fabriqués par la compagnie Nurol Makina, fondée en 1976. Rabat serait aussi en négociations avec la Turquie pour l'achat d'un lot d'hélicoptères T129 Atak. Ces appareils, dotés d'un moteur américain, sont produits conjointement par Turkish Aerospace industries (TAI) et l'italien Agusta Westland. Aux côtés des industriels turcs, le royaume a trouvé en Israël, le fournisseur idoine pour moderniser son armée. Les FAR ont réceptionné en 2021 le système de défense israélien anti-drones «Skylock Dome». Un dispositif qui se distingue de ses concurrents par son prix relativement bon marché. Le royaume porte, en effet, un intérêt particulier pour les drones-suicides de type Harop et la cinquième génération des missiles anti-chars Spike, développés par la société israélienne Rafael. Des négociations entre le Maroc et Israël seraient en cours pour l'acquisition du système de défense aérienne «Dôme de fer». Le Maroc a, par ailleurs, commandé auprès de la compagnie publique «Israeli Aerospace Industries» (IAI) un lot de drones israéliens, de type Harop, appelés également avions sans pilotes kamikazes. Le montant du contrat avoisine les 22 millions de dollars, affirmait le 30 novembre le quotidien Haaretz. Ces achats sont appelés à se multiplier dans les mois à venir. Le Maroc et Israël ont, d'ailleurs, signé, le 24 novembre à Rabat, un protocole de coopération militaire et sécuritaire.