Face à un contrôle aux frontières renforcé, les narcotrafiquants marocains s'ingénient à trouver de nouvelles techniques de dissimulation de la résine de cannabis. Dernière en date, son conditionnement sous la forme de fruits ou de légumes, dont la plus commune aujourd'hui est la «pomme de cannabis». Les trafiquants de drogue marocains ne manquent pas d'ingéniosité. En témoigne les nouvelles formes de conditionnement qu'ils font adopter à la résine de cannabis pour passer sous le radar lors des contrôles douaniers. «Pommes», «melons», «tomates» : tout le registre fruitier et légumier y passe, les narcotrafiquants conférant ces formes insolites au haschich pour mieux le confondre avec le reste des marchandises transportées. «Si ces camions sont simplement contrôlés avec un scanner, cette drogue, conditionnée sous cette forme et glissée au milieu d'un chargement de fruits et légumes, est quasi indétectable» déclare un haut fonctionnaire des douanes françaises au Parisien. La nécessité est la mère de l'ingéniosité Evidemment, l'ingéniosité des trafiquants marocains n'est pas tant un choix que le produit d'une nécessité. Une nécessité de «survie» tout d'abord, par la dissimulation de l'activité illicite qu'ils exercent. Une nécessité d'adaptation ensuite, par l'ajustement à la demande d'un marché de la drogue de «plus en plus concurrentiel». D'après une note de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) la résine de cannabis en provenance du royaume et à destination de l'Europe est en effet en train de perdre des parts de marché face à la concurrence de l'herbe du même produit cultivée aux Pays-Bas. Une tendance que confirme le chef de service de la lutte contre la fraude et la contrebande à l'ADII (Administration des Douanes et des Impôts Indirects), M. Sefrioui Morchid Dafrallah : «non seulement, le Maroc doit faire face à une concurrence plus forte de la part des Pays-Bas, mais il doit aussi faire face à l'augmentation de la production domestique (chez soi) en France et en Belgique». Selon le responsable des douanes marocaines, cette résine autoproduite «se substitue à la résine importée du Maroc». Le hasch néerlandais concurrence le hasch marocain La concurrence accrue oblige également les narcotrafiquants marocains à modifier le contenu de la drogue lui-même. Encore une fois ici, il s'agit de répondre à la demande européenne. «Les consommateurs [européens] se tournent de plus en plus vers du haschich au taux de THC (tétrahydrocannabinol) important […] car cette molécule est à l'origine des effets psychotropes recherchés par les toxicomanes» souligne un expert la DCPJ. Or la résine de cannabis marocaine est moins élevée en THC que sa concurrente néerlandaise, baptisée «Amnesia». D'où la nécessité de modifier la drogue elle-même. «La teneur en THC de ces boules de haschisch atteint désormais les 25%», poursuit la même source. «Alors que la moyenne nationale pour la résine de cannabis saisie est de 11%». En d'autres termes, le haschich marocain ne possède plus la palme de la qualité en Europe, même s'il en demeure toujours le principal fournisseur actuel. Un avantage comparatif que les narcotrafiquants marocains ne sont certainement pas prêts de céder de sitôt. L'or vert est un marché trop juteux pour qu'ils ne le laissent partir ainsi, en fumée...