Le fil des polémiques ne tarit pas. Abdellah Nahari, le très controversé imam, est l'auteur d'un appel à l'assassinat du journaliste Mokhtar Laghzioui. Dimanche, le religieux, comme nous le confirme son avocat, a été interrogé par les services de la police judiciaire de Oujda pour incitation à la violence. Un religieux qui appelle au meurtre d'un journaliste, est une première au Maroc. Sous d'autres cieux intégristes, la pratique est monnaie courante. L'auteur de cette «fatwa» n'est autre que le très controversé imam Abdellah Nahari. La cible : Mokhtar Laghzioui, rédacteur en chef du quotidien Al Ahdath Al Maghribia. Un journal connu pour son opposition au PJD et aux prêcheurs du conservatisme. A l'origine de cette nouvelle polémique, des déclarations du journaliste à la toute nouvelle chaine arabe d'information Al Mayadine, dans lesquelles il se positionne en faveur de la liberté sexuelle de sa sœur, de sa femme et de sa fille. Des propos suffisants pour que le religieux Abdellah Nahari réclame la tête de Laghzioui. Nahari interrogé par la police Cette «fatwa» a eu le mérite de mobiliser le camp démocrate et laïc au Maroc. Des partis politiques de gauche et des associations des droits de l'Homme, unanimes, ont dénoncé cette dérive de Nahari. Pendant deux jours, ils ont exigé du ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid du PJD, l'ouverture d'une enquête judiciaire. Dans l'après-midi du dimanche, un communiqué du procureur général du roi près de la cour d'appel de Oujda, cité par la MAP, indique que «suite à ce qui a été relayé par certains médias concernant les déclarations du dénommé Abdallah Nhari, et eu égard à l'incitation à la violence et à commettre des actes incriminés que ces propos peuvent engendrer via les prêches, le Parquet ordonne l'ouverture d'une enquête à ce sujet». Noureddine Aboubaker, l'avocat de Abdellah Nahari, nous confie brièvement que «la police judiciaire de Oujda a interrogé, hier, mon client. Une enquête qui devrait se poursuivre aujourd'hui et demain.» Et d'ajouter que le religieux «n'est pas détenu». Me Noureddine est un élu du PJD à la mairie de Oujda. Appel pour l'abrogation de l'article 490 du code pénal La position du rédacteur en chef du quotidien Al Ahdath Al Maghribia est en phase avec l'appel lancé, le 19 juin, par l'AMDH à l'abrogation de l'article 490 du code pénal incriminant toute relation sexuelle en dehors du mariage entre deux personnes adultes. «Sont punis de l'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent, qui, n'étant pas unies par les liens du mariage ont, entre elles, des relations sexuelles», souligne cet article. Cette position de l'ONG présidée par Khadija Riyadi a été vivement condamnée par certains religieux. Abdellah Nahari, dans la première partie de sa vidéo, a qualifié l'AMDH d'organisation à la solde d'intérêts étrangers. Et de rappeler que la publication par le département de Habib Choubani de la liste des associations qui reçoivent des aides européennes ou américaines dans laquelle y figure l'AMDH.