Le gouvernement espagnol tient à garder sa «neutralité» dans le conflit du Sahara. Il vient de nuancer les critiques de José Margallo à la mission de Christopher Ross. A Rabat, l'équipe Benkirane, serait-elle en train de réviser sa position sur le même Ross ? Les déclarations de courtoisie n'engagent que ceux qui y croient. C'est le message que le ministère espagnol des Affaires étrangères vient d'adresser au Maroc. Ce département souligne que les propos du chef de la diplomatie, José Margallo, tenus le 20 juin à Rabat, ne sont pas une critique du travail de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross. Et que le gouvernement de Mariano Rajoy «apprécie» la mission du médiateur américain. Cette mise au point n'a pas été faite par Margallo lui-même mais par le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Gonzalo de Bénito. Mercredi, devant une commission à la Chambre basse du parlement, il a tenu à préciser qu' «il n'y a pas lieu de prendre les déclarations du ministre (Margallo) comme une critique de Ross (…) parce que le gouvernement soutient ses efforts comme ceux du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon» sur le dossier du Sahara. «Ce que nous voulons c'est une solution au Sahara dans le cadre des Nations-Unies», a affirmé le numéro 2 de la diplomatie espagnole devant les membres de la Commission des Affaires étrangères. Et de reconnaître, comme le rapporte l'agence EFE, le droit du peuple saharaoui à l'autodétermination. L'opposition critique les propos de Margallo La mise au point de Gonzalo Bénito n'a pas pour autant convaincu l'opposition, notamment celle issue de l'extrême gauche. Le porte-parole de Izquierda Unida (la gauche unifiée), Joan Josep Nuet, a qualifié les propos de José Margallo de «grave erreur». Le 20 juin à Rabat, le chef de la diplomatie espagnole soulignait qu'«il serait pertinent que l'émissaire spécial sur le dossier [du Sahara, ndlr] s'intéresse aux thèmes centraux et non aux thèmes accessoires.» De son côté, le PSOE (opposition, également) a déploré le manque de progrès dans le dossier du Sahara et les critiques de José Margallo concernant le travail de Christoper Ross. En réponse aux interventions de l'opposition, le N°2 de la diplomatie espagnole, Gonzalo Bénito, a soutenu que les relations avec le Maroc «sont meilleures.» Rabat modère sa position ? Le Maroc est-il en train de réviser sa position initiale, réclamant le départ de Christopher Ross ? Jeudi, lors d'un point de presse, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement a souligné que le Maroc insiste sur deux points essentiels: «la nécessité de trouver une solution politique consensuelle à la question du Sahara dans le cadre de l'ONU» et la nécessité pour l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU «de faire preuve de neutralité et d'impartialité». A aucun moment, El Khalfi n'a mentionné la demande marocaine réclamant le départ de Ross. En revanche, il a puisé de la prose habituelle pour rappeler que «le Maroc continue d'œuvrer sur le plan diplomatique pour confirmer le sérieux et la crédibilité de sa proposition sur la question du Sahara marocain, en attendant la position officielle de l'ONU sur la poursuite du processus des négociations.»