Si à la fin du mois de juin, Abdelali Abdelmoula, PDG de la Comarit, ne se prononce pas sur le sort de sa compagnie, le gouvernement marocain prendra les mesures qui s'imposent. A ce sujet, le ministre de l'Equipement et des Transports, Aziz Rebbah, a été on ne peut plus précis. Six mois. Cela fait maintenant six mois que la Comarit est en arrêt d'activité. Plusieurs plans de sauvetage ayant échoués, Abdelali Abdelmoula, PDG du groupe Comarit, joue sa dernière carte depuis quelques semaines. Il est en pleine négociation avec des Italiens prêts à investir 40 millions d'euros pour sauver sa société. Seulement, ses salariés s'impatientent. Ainsi, le secrétaire national du syndicat l'UMT, Brahim Karfa, a rencontré, la semaine dernière, le ministre de l'Equipement et des Transports, Aziz Rebbah, pour plaider la cause des salariés de la Comarit qui n'ont pas perçu de salaires depuis novembre 2011. «On a discuté du cas de la Comarit-Comanav. J'ai demandé l'avis du ministre. Il m'a confirmé que les discussions sont en cours entre Abdelmoula et les Italiens», indique M. Karfa contacté par Yabiladi. M. Rebbah «a donné à Abdelmoula jusqu'à la fin de ce mois [juin] pour statuer quant à l'avenir de la compagnie. S'il ne réagit pas dans les délais qui lui ont été assignés, M. Rebbah sera obligé d'appeler d'autres sociétés sous conditions qu'elles emploient les marins de la Comarit», déclare M. Karfa. Après que l'italien GNV ait récupéré les lignes reliant le Maroc à la France, une compagnie espagnole serait pressentie pour les liaisons entre le royaume chérifien et l'Espagne, confie à Yabiladi Ismaïli Mistaah, syndicaliste UMT. Les lignes concernées sont Tanger-Algesiras, Tanger-Tarifa et Nador-Almeria, ajoute-il. Que fera Abdelmoula? Dans sa lettre adressée à ses salariés le 15 juin dernier, M. Abdelmoula demandait un dernier délai d'une semaine. L'appui de M. Rebbah lui permet de bénéficier d'une semaine supplémentaire. Mais depuis, le PDG de la Comarit ne s'est plus adressé à ses collaborateurs. Entre temps, les marins bloqués à Algésiras et Almeria y sont toujours dans des conditions «catastrophiques», selon Mohamed Arrachedi, chargé du dossier Marins Comarit à ITF, contacté par Yabiladi. Une grande partie de l'équipage retenu à Sète après la saisie des bateaux en janvier dernier a rejoint le royaume le 8 juin. Cependant, la trentaine de marins restés pour l'entretien des navires veut être «rapatriée samedi prochain», d'après le second capitaine du Marrakech. «Nous sommes en train de tout faire pour être rapatriés samedi, et nous croyons que ça va marcher», confie-t-il à Yabiladi d'un air optimiste, même si ni l'armateur, ni le consulat n'ont répondu à leur requête. La responsabilité d'Abdelmoula est donc très lourde et le compte à rebours est lancé. Aujourd'hui, 27 juin, nous sommes quasiment aux portes de la fin du mois. Que fera Abdelmoula ? D'autant plus que les Italiens ont posé des conditions inéluctables à leur investissement, parmi lesquelles une participation de l'Etat à hauteur de 25 millions d'euros dans le capital de la Comarit. Et visiblement les choses ne semblent pas évoluer comme Abdelmoula l'aurait souhaité, puisque l'on sait très bien qu'avec toutes les tensions économiques que connait le pays actuellement, le gouvernement ne peut se permettre un tel luxe.