Le Parquet général de la Cour d'Appel à Rabat a transféré le dossier concernant l'affaire de la Société « Comanav » à la Chambre Criminelle de son annexe à Salé pour en débattre à partir du 15 du mois courant. Selon une certaine source, le déclenchement de cette affaire repose essentiellement sur le contenu des communications téléphoniques échangées entre les mis en cause, accusés dans une première étape d'actes criminels visant à créer le chaos et la zizanie au sein du Port Tanger-Med en faisant prolonger la grève des marins. Ceux-ci se trouvaient sur les bateaux marocains « Marrakech », « Beni Ansar » et « Biladi », accostés au port de Sète. Les accusés devraient en fait répondre d'incitation à l'entrave du travail et de tentative de faire échec aux solutions destinées à mettre un terme aux problèmes des marins en grève. L'on apprend également que la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST) a contribué, aux côtés de la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), à l'élaboration du procès verbal afférent à cette affaire, en mettant sous écoute certains numéros de téléphone appartenant aux personnes impliquées directement, et ce, sous l'égide du Parquet général et conformément aux nouvelles dispositions du Code pénal. Cependant, les communications enregistrées sur CD pour servir de "preuves" ont fait l'objet d'une controverse entre la défense du principal accusé et le juge d'instruction, le premier ayant demandé la notification de ses remarques et réserves. Pour sa part le principal prévenu dans l'affaire de la « Comanav » a affirmé que le but des communications téléphoniques sur la base desquelles il est poursuivi était de s'enquérir de la situation des marins retenus et en grève au port français de Sète et d'essayer de les aider ainsi que de sauver la « Comarit » avant l'été et non point d'appeler à la grève ou d'inciter au sabotage, à détruire des édifices publics ou des unités navales, ni non plus d'empêcher la bonne marche du travail et que, par conséquent, il n'a pas ordonné au dénommé « A » d'inciter les marins à la grève et organiser des sit-in, qu'il ignorait tout au sujet des bateaux accostant à Algesiras, Almeria (Espagne), à Tanger-Méditerranée ou à Nador. Tawfiq Ibrahimi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a affirmé d'autre part que les détournements et prévarications dont a fait état Abdelali Abdelmoula et pour lesquels sont poursuivis les dénommés « Y.L », « H.N » et « J.N » relèvent de la compagnie « Comanav Voyages », ajoutant que ce qui lui est reproché c'est tout simplement que « A.M » l'appelait pour lui rendre compte de la situation des marins et lui demandait de lui conseiller ce qu'il devait faire, de même d'ailleurs, affirme-t-il, pour les responsables des sociétés françaises qui voulaient savoir où en était la situation et quelles mesures avaient été prises pour régler le conflit, outre les contacts qu'il avait eus avec la Primature, les ministères des Finances, de l'Emploi, des Transports, la « Comarit » et les institutions financières. A rappeler que Tawfiq Ibrahimi est un homme d'affaires, propriétaire de plusieurs sociétés, membre du Conseil d'une administration d'une autre entreprise et président de l'Association royale marocaine du tourisme et que les communications téléphoniques sus-mentionnées constituent les principales preuves à charge contre les personnes impliquées dans cette affaire, dont le prévenu principal, et qui portent sur de graves accusations telles la constitution de gang criminel, l'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat visant à détruire des installations portuaires et des bateaux, à gêner la bonne marche du travail et la divulgation de secrets professionnels. A rappeler aussi que cette affaire remonte à juillet dernier et que 7 prévenus y sont poursuivis dont un en état de liberté et dont le juge d'instruction a conclu à sa non poursuite, les six autres étant jugés en état d'arrestation jusqu'à la fin de l'instruction, même si des rumeurs font état de la possibilité pour deux d'entre eux de bénéficier de la liberté provisoire, ce qui devrait être confirmé ou infirmé lors d'une séance prévue pour le 15 courant. L'interrogatoire du nommé Ibrahimi par le juge d'instruction a, croyons-nous savoir par nos propres sources, porté essentiellement sur la teneur de ses communications avec un certain Michael de Emil et avec deux commandants de bord en sa qualité d'ancien PDG de la « Comanav », ainsi que sur ses relations avec Jacques Saâdi et sur la somme de 17 milliards pour savoir s'ils sont libellés en dirham ou en centimes. Une communication avec « M.R » pour l'avertir de la tenue d'une réunion ministérielle à la Primature pour examiner le dossier de la « Comarit » et lui demander de le tenir au courant des conclusions et décisions prises lors de cette réunion. Sa connaissance des manifestations des marins retenus à Sète où « A.M » était en contact avec eux et les incitait à poursuivre leur mouvement afin de perturber et de geler les activités de « Comanav Ferry ». Son contact avec « M.R » pour l'informer que le propriétaire de « Comanav Ferry » et « Comarit » a contacté un syndicaliste et lui a soufflé que l'investisseur italien envisageait de réduire de 50 % les effectifs de ces deux sociétés. La divulgation de l'information relative à la création d'une nouvelle compagnie de navigation publique et d'une liaison maritime entre Tanger et Sète. La situation financière de« Comanav Ferry » et la non disponibilité de fonds pour la sortir de la crise ainsi que le début du retrait du soutien des syndicats aux marins et aux travailleurs de la compagnie. Le fait que « M.R » ait ébruité la nouvelle de la réunion du S/G de l'UMT (Moukhariq) et d'un autre syndicaliste avec le chef du gouvernement et le ministre de l'Emploi lors de laquelle M. Benkirane les aurait informé de l'intention de l'Etat de se charger des deux compagnies pré citées et de son projet de se doter d'une nouvelle flotte. Le fait d'avoir prétendu que la création d'une nouvelle liaison Tanger-Sète par une société italienne vise à écarter Comarit du transport maritime et d'inciter, par le biais d'une autre personne, les marins à poursuivre leur lutte contre ce qu'il aurait considéré comme une déclaration de guerre contre cette compagnie et ses salariés. Le reportage de 2M à partir du port de Sète et la parution d'un article dans une revue économique énumérant les solutions qu'il aurait proposées auparavant pour régler les problèmes de Comarit. La difficulté de ravitailler les bâtiments en rade à Sète et Algesiras en carburant et la procuration rédigée par un avocat le mandatant pour s'occuper des biens saisis et des prêts contractés auprès de la BMCE. L'échange épistolaire avec un Espagnol nommé Raul pour lui proposer un déjeuner d'affaire et discuter des dettes que Comarit lui devait. Le prévenu Ibrahimi a, enfin, indiqué que ledit Raul, à ce qu'il sache, connaissait de nombreux clients au Maroc et à l'étranger mais qu'il ignore, qu'il n'exerce aucune activité au Maroc et qu'il ne possède et ne gère aucune unité navale, mais qu'il a fait sa connaissance en 2001 lorsqu'il a rejoint la Comanav en tant qu'agent intermédiaire de cette dernière à Algesiras et Cadix.